Rapport égalité femmes/hommes : des écueils et des espoirs !

Intervention de Julie Nicolas sur le rapport égalité femmes/hommes

Mesdames, messieurs, cher.es collègues,

Cette année le débat sur le rapport égalité femmes-hommes dans les services de la ville de la ville marque une évolution notable, avec la proposition d’un plan d’actions. C’est une mesure nécessaire, indispensable même, malheureusement sans objectifs chiffrés ni budget associé pour garantir que les mesures proposées nous fassent sortir de l’utopie dans laquelle les femmes sont enfermées.

Un plan qui ne fait même pas l’objet d’un vote, et qui aurait mérité d’être débattu, enrichi, amendé, et enfin voté unanimement.

Sur les chiffres de la période 2021-2023, premier point du rapport que nous devons souligner, et répéter, car trop souvent les inégalités de salaire ne sont perçues que de manière théoriques :

Cette inégalité pour les agentes de la ville est de moins 165 euros par mois, l’équivalent d’un treizième mois que seuls les hommes touchent. Beaucoup mieux qu’en 2021, quand cette différence était de 260 euros, une différence également moins marquée que la moyenne nationale, mais une réalité qui mérite des efforts supplémentaires.

Car derrière, c’est nombre de personnes isolées, nombre de travailleuses pauvres, nombre de familles monoparentales à la charge de la seule mère : ce sont les personnes soutenues par les associations d’aide alimentaire, les personnes accompagnées par les services sociaux, les personnes plus touchées par la précarité énergétique, et donc en bout de chaîne des dépenses de type pansement sur une jambe de bois qu’il nous faut traiter à la source.

Ce sont d’ailleurs plus de 60 % de femmes qui ont recours à l’écoute sociale, en particulier les agentes de la catégorie C – rappelons que 100 % des assistantes maternelles sont des femmes, qu’elles représentent le plus grand nombre d’agents dans la filière médico-sociale.

Les données du rapport sur les rémunérations les plus élevés sont des révélateurs supplémentaires : en deça de 2000 euros par mois, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes. Et c’est au-delà de 3000 euros par mois que les hommes deviennent plus nombreux en terme de rémunération.

Nous voulons aussi alerter sur la pénibilité qui est très probablement l’une des principales responsables des chiffres qui nous présentés pour le handicap, les congés longue maladie ou encore les temps partiels thérapeutiques :

  • Presque 2 fois et demi plus de femmes en situation de handicap dans les services, pour la catégorie C, 198 femmes pour 84 hommes – et ces chiffres poursuivent leur croissance
  • Presque 2 fois plus de femmes en temps partiels thérapeutiques ou en disponibilité pour maladie.

Poursuivons sur le plan d’action, une série de mesures concrètes, nécessaires, que nous saluons toutes avec enthousiasme. Mais notre rôle est aussi de prendre pleinement acte des réalités, et à ce titre nous appelons en particulier :

  1. des objectifs chiffrés sur la déprécarisation des emplois vacataires,
  2. des objectifs chiffrés sur la valorisation des filières féminines, en particulier les assistantes maternelles et la filière médico-sociale, un objectif prioritaire pour le RIFSEP
  3. une projection du poids budgétaire de la résorption de cette inégalité salariale de 165 euros idéalement d’ici à la fin du mandat

Nous proposons que ces données soient des perspectives chiffrées pour nos prochains débats budgétaires, et ce dès le prochain conseil municipal.

Sur le fond des mesures proposées, nous souhaitons :

  • que soit fixé un horizon temporel à 3 ans, et non 5 ans, pour former l’ensemble des agents, à la prévention des violences sexistes et sexuelles. Nous souhaitons y ajouter une formation à la diversité, pour que chacune et chacun prenne conscience des inégalités et inversement des privilèges,
  • que des mesures soient étudiées en conseil municipal pour lutter conjointement contre les facteurs de maladies et de handicap qui frappent durement les agentes en catégorie C,
  • que la composition de la cellule d’écoute en cas de violences sexuelles et sexistes, de harcèlement, soit transparente et connue des agent.es qui pourraient y avoir recours et ainsi les sécuriser dans leur démarche. Nous n’avons pas cette année de données sur les agressions dans ce rapport, ce point doit être éclairci au plus tôt auprès de l’ensemble des élus municipaux et des organisations syndicales.
  • Pour garantir l’efficacité des mesures, nous proposons la mise en place d’une instance de suivi transversale aux différents services responsables de la mise en place de ce plan,
  • Nous soutiendrons à l’avenir les mesures en faveur de la réorganisation du temps de travail sur 4 jours, ou 4 jours et demi, dès lors que celles-ci permettent en particulier de lutter contre les temps partiels subis.
  • Enfin, nous saluons pleinement la proposition d’accompagner et d’aider les agentes qui subissent des violences conjugales ; nous vous proposerons lors de ce conseil de formaliser encore plus cet engagement avec des autorisations spéciales d’absence.

Je vous remercie et je termine sur un petit mot pour les représentants de la presse ce soir : le sujet des égalités femmes-hommes gagnerait grandement à être mis en avant pour mettre dans le débat public les mesures prises par les politiques locales, et suivre les avancées d’une année sur l’autre. Nos communes peuvent servir de modèles pour que soient traités ces enjeux dans toutes les couches de la société, dans les villes et dans les entreprises, sans attendre qu’un énième gouvernement rompe la promesse maintes fois réitérée mais jamais suivie d’effets de faire de la lutte contre les violences et les inégalités une grande cause nationale.