Pour une politique cyclable globale !

Intervention de Nathalie Sedou sur l’actualisation de l’arrêté cyclistes pied-à-terre et la politique cyclable

Madame le Maire, chèr.es collègues, Monsieur POZMYK,

Le groupe Lille Verte est bien entendu favorable à cette subvention récurrente à une association bien identifiée dans le paysage cycliste lillois. Ce soutien vise notamment par le biais d’ateliers mobiles à – je cite – « favoriser l’usage du vélo en alternative à la voiture individuelle ». Pour que l’action des associations porte ses fruits, cela suppose d’abord de concevoir un espace public qui encourage la pratique cyclable. Nous souhaitons revenir sur ce sujet ce soir, car il intéresse nombre de personnes qui circulent à Lille en vélo, ou qui souhaiteraient s’y mettre.

Vous avez annoncé lors du dernier conseil municipal l’actualisation de l’arrêté dit « cyclistes pied-à-terre » qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain. Cette actualisation se fait à la marge, ne modifiant que l’horaire de fin d’interdiction en soirée.

A ce jour, nous n’avons toujours pas reçu le bilan de la première année d’expérimentation de ce dispositif.

Or, ce supposé bilan vous sert à justifier la prolongation de cette décision qui pénalise de nombreux cyclistes. Qui plus est à un moment où des travaux d’aménagement ont lieu dans la ville, ce qui perturbe les circulations.

Nous sommes interpellés par des cyclistes, verbalisés au début de la rue de Béthune (côté République) car elles et ils ont voulu éviter la rue du Molinel en travaux, dont l’accès a été ingrat, voire dangereux, durant des mois.

Oui, à Lille, des aménagements cyclables sont réalisés, ils sont bienvenus.

Ceci étant, votre choix discutable d’exclure les cyclistes d’une vaste zone du centre-ville, en particulier le samedi dans le Vieux Lille, votre décision de reconduire l’arrêté nous interroge sur ses effets alentours. La décision de cet arrêté devrait signifier une redéfinition des projets d’aménagements cyclables, puisqu’il induit une hausse de la fréquentation des nouveaux équipements qui n’avaient pas été conçus pour ce nouveau contexte.

On le voit déjà sur la rue du Molinel quasi terminée : puisque le passage par le centre-ville demeure impossible, la piste concentre les flux de cyclistes, avec déjà des conflits d’usage. Conflits augmentés par des défauts de conception, que nous avons pu signifier à la MEL.

Par exemple, les bandes blanches qui bordent la piste cyclable constituent un danger car elles sont prises pour des bandes de guidage par les mal-voyants, ainsi exposés au flux continu, tandis que les cyclistes peuvent chuter à cause des rainures de ce dispositif séparatif. Le fait que la piste se trouve du côté le plus fréquenté par les piétons augmente ces conflits d’usage.

Pour défendre votre arrêté vous avez pointé le comportement des cyclistes comme s’il s’agissait d’une catégorie de population moins civique que la moyenne. Mr Pozmyk figurez-vous que les cyclistes sont des humains comme les autres, parfois courtois, parfois pressés, parfois indifférents aux autres. Les cyclistes sont tous piétons, et parfois automobilistes. Votre tâche d’élu n’est pas d’opposer les personnes, de conforter des clivages mais d’améliorer constamment l’espace public pour pacifier les relations.

Mr Pozmyk, vous êtes cycliste, mais aussi piéton et peut-être automobiliste. Quand vous sortez, mettez-vous un casque pour marcher ? Avez-vous besoin de protéger votre tête quand vous montez dans une voiture ? Non. Si vous mettez en casque c’est que vous vous sentez vulnérable. En effet, circuler à vélo à Lille c’est être toujours sur le qui-vive : d’un refus de priorité à droite, d’une portière qui s’ouvre, d’une vitesse excessive, d’une voiture qui déboîte, d’obstacles constants.

Les rues Pierre Mauroy, rue du Molinel, rue Solférino, boulevard Carnot se transforment. Ces aménagements sont prévus pour durer au moins 20 ans. Pour pratiquer au quotidien ces toutes nouvelles pistes, nous saluons l’amélioration, le confort apporté. Nous observons à des endroits déjà un sous-dimensionnement, des incohérences, notamment quand ces pistes mènent à des rues désormais interdites à la circulation par votre arrêté, ou peu sécurisées, ou à des double sens cyclables rendus impraticables avec l’élargissement des gabarits des voitures.

Ce soir, on ne peut que regretter l’arrêt des groupes de travail qui avaient été lancés au sein des conseils de quartier du Centre et du Vieux-Lille avant l’instauration de l’arrêté. Celui du Vieux Lille a cessé, on ne sait pourquoi. Pourtant ces espaces de dialogue sur la politique cyclable sont indispensables.

Le groupe Lille Verte reste bien-sûr à votre disposition pour en échanger…

Je vous remercie pour votre attention.