Hébergement d’urgence pour toutes et tous !

Intervention de Faustine Balmelle-Delauzun sur l’hébergement d’urgence

Madame le Maire,

Je tiens à commencer mon intervention en remerciant les associations, notamment les deux représentées par cette délibération et que nous proposons de subventionner, ainsi que celles qui figurent dans la délibération de la délégation Solidarités dont a parlé Arnaud tout à l’heure, et toutes les autres associations qui œuvrent pour prendre soin des plus précaires d’entre nous, y compris celles qui ne bénéficient pas forcément de subvention municipale. Nous ne dirons jamais assez à quel point leur travail et l’engagement de leurs bénévoles et salariés est essentiel pour celles et ceux qui sont aujourd’hui laissés pour compte par un Etat qui a abandonné sa mission régalienne, de service public, d’assurer la survie et le bien vivre de toutes et tous.

Les insuffisances de l’État, les plus précaires les paient tous les jours à Lille. Nous en parlons régulièrement dans ce conseil municipal : mise à l’abri tardive ou inexistante, expulsion ou évacuation sans solution d’hébergement pourtant obligatoire, et j’en passe. Si nous attendons la taxation des plus aisés avec impatience, comme annoncé par Monsieur Barnier, nous espérons surtout une juste répartition des richesses.

Nous avons pris note des éléments que vous venez de présenter, Monsieur le premier adjoint, Madame l’adjointe, sur les conditions de l’hébergement d’urgence qui sera mis en place par la Ville de Lille pour cet hiver. L’ouverture de ces nouvelles places est évidemment une excellente nouvelle mais le travail reste encore colossal. Vous pourrez compter sur moi pour être à vos côtés sur cette question.

Au-delà, nous parlions des places ouvertes à Bondues, mais qu’en est-il pour les autres communes de la MEL ? Et plus globalement, où en êtes-vous des discussions avec l’Etat ?

Par ailleurs, qu’en est-il des personnes qui, précaires parmi les précaires, passent toujours sous les radars, volontairement ou non, des institutions ? Je pense par exemple aux 70 jeunes qui dorment dans un campement situé plaine des Vachers et dont nous aurons l’occasion de reparler ce soir lors de la présentation des vœux. L’an dernier, ils avaient été accueillis par des paroisses faute de solution d’hébergement d’urgence. En sera-t-il de même cet hiver ? Le Département et l’État passeront-ils leur tour une fois encore alors qu’ils doivent agir ?

Je pense aussi aux 91 personnes qui vont être expulsées, dont 41 enfants, qui étaient jusque-là dans des caravanes autour de la porte de Valenciennes. Que les conditions de vie dans ces bidonvilles soient inacceptables, nous le comprenons, mais une nouvelle fois, une expulsion sans solution ! Cela en devient lassant car systématique, ce non respect de l’instruction interministérielle de 2018 prévoyant un accompagnement et une mise à l’abri de toute personne vivant en bidonville. Cela en devient révoltant, ce non respect des règles, par l’État lui-même. Expulsées pour aller nulle part. Déracinées un peu plus, isolées un peu plus. Invisibles un peu plus.

Nous vous demandons donc de négocier auprès de la Préfecture une mise à l’abri pérenne de l’ensemble des personnes qui seront évacuées, afin de ne pas répéter les innombrables expulsions sans solution, insensées alors que l’hiver approche, auxquelles nous assistons depuis de nombreuses années sur notre ville.

Nous avons signé il y a plus d’un an la Déclaration des droits des personnes sans abri, soyons-en dignes.

Je vous remercie.