Qualité de l’air : des progrès restent à faire !

Plan de protection de l’atmosphère

Mesdames Messieurs, chèr.es collègues,

après un processus de révision entamé il y a 4 ans, le nouveau Plan de Protection de l’Atmosphère, le PPA nous est désormais soumis avant une concertation publique.

Il y a 4 ans, en plein confinement et ses mesures inédites de protection de la santé publique, nous nous demandions alors comment les dizaines de milliers de décès annuels dus à la pollution de l’air seraient à l’avenir pris en compte par les institutions.

Alors que nous avions mis à l’arrêt la société toute entière, l’État sera-t-il enfin capable de prendre les mesures qui s’imposent pour enfin réduire fortement l’exposition de la population aux polluants de l’air ?

Serons nous capables de nous fixer collectivement pour objectif le respect des seuils recommandés par l’OMS ? Serons-nous capables de refuser les inégalités de santé qui viennent s’ajouter aux inégalités sociales ? D’agir contre l’asthme qui frappe de plus en plus de petits lillois ?

Manifestement non car ce PPA, 2023-2027 ou 2024-2029, ce n’est pas très clair, ne s’est enrichi que de 3 nouvelles actions, et reste sans réelle évolution pour les 13 actions qui existaient déjà – malgré un bilan bien pauvre, qui tient essentiellement aux mesures nationales ou aux mesures portées par les villes ou la métropole.

Malgré ce maigre bilan, pas d’objectifs chiffrés que ce soit en termes de moyens ou de résultats, pas de budget… Et pourquoi un tel plan maintenant, alors que nous ne sommes qu’à un vote, un tout dernier vote, pour l’adoption de nouvelles normes européennes qui nous rapprocheraient des recommandations de l’OMS ?

Est-ce pour mieux y déroger comme nous le faisons depuis des années pour la directive cadre sur l’eau, souvenez-nous, les objectifs de bon état à l’horizon 2015, puis 2027, et désormais plus tard encore ?

A la place on nous présente un plan d’action qui, sur l’ensemble du périmètre de ce PPA, n’atteindra pas les objectifs définis par la loi et le PREPA :

  • par exemple pour les NOx, les oxydes d’azote qui génèrent asthme et maladies respiratoires chroniques,
  • ou encore pour les composés organiques volatils, particulièrement présents sur notre commune avec plus de 1700 tonnes par an qui auraient nécessité, selon ATMO « de développer les actions à fort gain ».
  • Sans compter l’ozone qui depuis 2020 dépasse la valeur seuil de 50 mg/m³ dans notre ville.

Alors certes, les particules fines ont vu leur concentration diminuer ces dernières années, grâce notamment aux confinements et grâce à une météo particulièrement pluvieuse, mais il semblerait que l’État s’endorme sur ses maigres résultats qui ne sont pas à la hauteur du poids de la pollution de l’air sur la santé des lillois.es. Devons-nous continuer à espérer la pluie pour protéger nos organismes ?

Ce n’est pas acceptable et nous devons porter ensemble fortement la demande d’une révision de ce nouveau PPA pour de vrais objectifs de santé publique, et ce dès 2025. C’était la 1ère proposition du groupe Lille Verte que nous retrouvons dans la nouvelle version de cette délibération, nous vous en remercions.

La santé publique et la vie humaine n’ont certes pas de prix, mais elle n’en ont pas moins besoin de financements et d’objectifs et c’est la demande des autres amendements que nous avons soumis avant ce conseil et qui figurent également dans cette nouvelle version.

Pour ne pas être trop technique et mieux faire comprendre les enjeux, je voudrais lister ce que nous n’avons pas dans ce plan et quelques uns des changements que nous devons absolument obtenir pour ne pas obérer l’avenir.

Ce que nous n’avons pas :

  • nous n’avons pas d’objectifs de contrôle et de suivi pour les sites industriels
  • nous n’avons pas de moyens supplémentaires pour accompagner les plans de mobilité employeurs ou des établissements scolaires ; pourtant, lorsque l’on lit le bilan de ces mesures : le compte n’y est absolument pas, seulement 50 % des entreprises, 1/3 des administrations, seulement 72 établissements scolaires sont dotés d’un plan de mobilité pour une mesure pourtant censée être obligatoire depuis 2014 !
  • nous n’avons toujours pas d’interdiction de circulation des poids lourds en transit sur la Voie Rapide Urbaine qui soit réellement effective, malgré de nombreuses demandes en ce sens
  • nous n’avons pas d’obligations pour des chantiers propres, moins émissifs en poussières, nous n’avons pas d’obligation de réduire l’exposition de la population, nous n’avons pas d’engagement du Préfet sur la gestion des épisodes de pollution.
  • Nous n’avons plus, non plus, de station de mesure sur la ville de Lille après que successivement celles de Fives et celle du boulevard de Leeds aient été désactivées.

Tenter de nous hisser à la hauteur de l’enjeu : c’est le sens de cet avis du conseil municipal de Lille, Lomme et Hellemmes avec une ambition que nous portons ensemble, avec les groupes Lille Verte et Lille en Commun, conformément à des positions communes antérieures, comme l’interdiction de la circulation des poids lourds sur la Voie Rapide Urbaine, comme la surveillance des pollutions industrielles – d’ailleurs, la Préfecture nous fera peut être un jour l’honneur d’une réponse quant à la demande de création d’un S3PI dont notre territoire est dépourvu.

S’agissant enfin du seul acte courageux de ce plan, sur l’interdiction des foyers ouverts pour le chauffage au bois, c’est une mesure que nous devons absolument mieux anticiper aussi bien pour plus de justice sociale que pour la santé des lillois.es. Parce qu’une seule de ces cheminées n’a rien à envier à 10 voitures diesel, nous proposons d’interdire uniquement en cas de pic de pollution dès l’hiver prochain l’utilisation des cheminées à foyer ouvert, avant une généralisation.

Nous savons qu’une telle interdiction ne sera pas populaire : cependant, nous devons toutes et tous prendre conscience de l’impact de nos feux de cheminée, tout comme les visiteurs extérieurs à Lille doivent prendre conscience de l’impact de leurs déplacements motorisés lorsqu’ils viennent à Lille.

Je vous remercie.