Quelle stratégie commerciale pour la Ville de Lille ?

Intervention de Xavier Bonnet sur la signature de la charte de coopération avec la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) et la stratégie commerciale de la Ville

Madame le Maire, Monsieur l’Adjoint, chers collègues,

Deux ans, voici deux ans le Conseil municipal voté à l’unanimité le Plan Stratégie Commerce et Artisanat.

Résultat du partenariat avec les représentants professionnels, quoi de plus normal des lors que la signature de ces chartes de coopération avec la CCI et la CMA. Il est rappelé d’ailleurs, en introduction de la délibération la collaboration ancienne entre la ville de Lille et les chambres consulaires.

Expérience commune qui aura permis de dégager le même regard sur le constat et sur le bilan de l’activité commerciale de Lille.

Diagnostic de la situation que nous partageons.

Cependant, on peut être en accord sur les difficultés que vit le commerce, l’artisanat et les services à l’échelle de Lille, d’Hellemmes et de Lomme. En constater les conséquences avec des ruptures, voire des disparitions de linéaires commerciaux, principalement dans les quartiers et les villes associées. Le tout doublé d’un appauvrissement de la diversité commerciale et artisanale. On peut être en accord sur les moyens, sur la méthode pour accompagner ces commerçants et artisans. Il y a certaines ambitions que nous partageons, des actions que nous encourageons.

• Partager les données du tissu commercial,

• Mener des actions de soutiens en commun,

• Encourager les entrepreneurs indépendants à se structurer, à s’organiser,

Font partis des axes à privilégier.

Et pourtant, tout en ayant la même lecture sur le constat, en ayant une analyse similaire sur les moyens, on peut se trouver finalement en dissonance sur les objectifs finaux recherchés.

S’il s’agit de données avec ces chartes de coopération, qui s’appuie sur le plan de stratégie commerce et artisanat, des moyens supplémentaires pour une quête d’attractivité dont l’objectif est d’attirer toujours plus d’habitants, avec un cadre de croissance toujours plus grand mais pour finir toujours plus destructeur. S’il s’agit, comme il est dit de Mobiliser tous les gisements de croissance pour laisser croire à un possible développement économique, commercial et humain sans limite et sans risque, nous n’adhérons pas.

Au contraire s’il s’agit d’accompagner, d’aider au retour d’une véritable centralité commerciale avec les commerçants de proximité et en cohérence avec la stratégie de l’ESS, dans les quartiers et le cœur de ville. S’il s’agit de retrouver les métiers des artisans aux services des habitants, s’il s’agit de retrouver les services publics ou privés, qui pour certains ont abandonné les quartiers, en fait, en deux mots, pour aider à retrouver la vie sociale si difficile aujourd’hui dans les quartiers, alors nous nous réjouissons.

C’est en cela que nous voterons favorablement cette délibération car nous croyons aux besoins de services, de commerces et d’artisanats dans nos villes.

Malgré tout nous restons inquiets, car mise à part, ce qui n’est encore que le démarrage d’une intention (d’une ambition ?) de revitalisation des polarités commerciales de Fives et de la rue Gambetta avec l’appel à projet de la MEL « objectif centralité ».

Qu’en est-il de l’encadrement des loyers commerciaux ? Tellement déraisonnable qu’ils mettent en péril bon nombre de commerces, bon nombre d’ateliers d’artisan y compris dans les quartiers. Ne laissant plus la place qu’aux majors et franchises de la distribution, pourtant aux pieds d’argile comme nous le montre l’actualité récente de Camaïeu, Jules, Naf-Naf, André, Kookaï pour le textile ou encore dans d’autres secteurs Habitat, Casino et bien d’autres. Tous ces groupes sur lesquels on s’est appuyé pour faire émerger de nouveaux centres commerciaux tout aussi fragile à l’exemple de Lillenium. Mettant à mal cette fameuse politique du en même temps. En même temps je tente de redynamiser les centres-villes et les centres bourgs mais je laisse courir le développement du commerce de périphérie et des ronds-points. A l’exemple de l’expansion à venir du centre commercial d’Englos ou des projets de Lomme Grand But

Qu’en est-il de la foncière citoyenne ? Une belle idée permettant aux habitants de s’investir dans leur quartier en favorisant l’arrivée de nouveaux commerces de proximité.

Qu’en est-il de la foncière commerciale ? Qui a la condition primordiale d’en mettre les moyens peut tout à la fois renouveler, moderniser les rez-de-chaussée commerciaux et rendre aux étages leur usage d’habitation. Favorisant ainsi le cercle vertueux du commerce à côté de ses clients et tout en permettant aux habitants de retrouver la proximité des commerces et des services.

Qu’en est-il de la promesse de dynamisation Des Halles et marchés ? Avec certain marché où cohabite marché officiel et marché à la sauvette. Marché où il est maintenant possible de monnayer l’emplacement que l’on occupe. Emplacement qui dépend pourtant du domaine public.

Qu’en est-il, du tri et de la valorisation des déchets commerciaux ?

Qu’en est-il de l’accompagnement à la digitalisation du commerce et de l’artisanat ?

Je pourrais, comme ça, longtemps, continuer la liste des questions sur le devenir du commerce de proximité.

Alors, oui ! Nous sommes impatients de voir les actions de soutien aux commerces de proximité se mettre en place et notamment la première d’entre elle : la décroissance, la décroissance des mètres carrés commerciaux en extension continue depuis des décennies alors que le pouvoir d’achat des Français et particulièrement des citoyens de notre région ne cesse de s’affaiblir. Avec pour corollaire un chiffre d’affaires du commerce indépendant de proximité dans nos quartiers devenu la part INFIME de l’approvisionnement des habitants, auquel s’ajoute la grande précarité du commerce de quartier.

Je vous remercie.