Madame le maire, cher.es collègues,
Je veux d’abord rendre hommage à nos collègues Lise Daleux et Michel Ifri qui se sont battus pour avoir des budgets dans votre majorité et que vous critiquez injustement depuis le début de la soirée.
Comme l’a rappelé Stéphane Baly lors de son intervention sur le Rapport d’Orientation Budgétaire, les lilloises et les lillois souffrent de l’inflation, et nous vous proposons 10 mesures pour les aider à y faire face, dont 3 concernent cette délibération sur les tarifications de la ville. Comme vous le soulignez dans cette délibération, alors que tout augmente, la ville fait déjà l’effort de ne pas augmenter ses tarifs touchant directement les familles. Cette stabilité évite certes d’aggraver la situation – sauf en ce qui concerne le stationnement payant, mais nous vous proposons d’aller plus loin en baissant certains tarifs pour redonner du pouvoir de vivre aux lilloises et aux lillois.
Le premier amendement, le plus important, vise à accorder la gratuité des cantines scolaires aux familles lilloises vivant en dessous du seuil de pauvreté et à en diminuer les tarifs pour la plupart des autres familles. Certes, presque la moitié des familles bénéficient actuellement d’un tarif inférieur à 1 euro par repas et celles ayant des difficultés pour payer peuvent se voir accorder la gratuité. Mais les classes moyennes aussi souffrent de l’inflation et selon un sondage IFOP datant d’avril 2023, 42 % des français les plus précaires ont supprimé un repas dans la journée, et 52 % des français ont réduits leurs achats de fruits et légumes. L’objectif de cet amendement est donc plus global. Il ne vise pas à faciliter l’accès à la cantine scolaire mais à en supprimer ou diminuer la facture afin de permettre aux familles – j’aurais aimé dire « de mettre du beurre dans les épinards », mais quand beaucoup n’ont même plus les moyens d’acheter des épinards, je dirais – de leur permettre un deuxième repas, le plus équilibré possible, dans la journée, avant d’aller vers une sécurité sociale alimentaire. Bien sûr, nous proposons de décliner cette tarification pour les repas pris dans le cadre des centres aérés ainsi que des accueils ados mis en place à Hellemmes. Et de la démarrer dès la rentrée des vacances de Noël, soit le 8 janvier 2024, car c’est une mesure d’urgence sociale. Rappelons qu’à Lille, 25 % soit un quart des ménages vivent en dessous du seuil de pauvreté. Nous avons calculé que pour une famille avec 2 enfants en primaire au tarif 8 – donc qui gagne entre 2130 et 2427 euros, soit au niveau du seuil de pauvreté défini par l’INSEE, le pouvoir de vivre rendu à la famille serait d’au moins 60 euros – sans compter les repas pris au centre aéré. Nous avons évalué le coût de cette mesure, y compris avec une hausse probable du nombre de repas, à 2 millions d’euros, (1 million en réalité je l’apprend par la présentation d’Audrey tout à l’heure), équivalent, somme toute, au gain fait l’année dernière grâce à l’extension du stationnement payant sur Vauban-Equermes et Wazemmes.
Le second amendement peut paraître plus symbolique mais il est également important, car il vise à faciliter financièrement l’accès aux piscines. Les loisirs sont un des premiers postes d’arbitrage des familles en période d’inflation. Or, les familles les plus modestes sont celles qui ont le moins accès aux vacances l’été et qui souffrent le plus de la chaleur. Il est proposé par cet amendement de baisser les tarifs des piscines à destination des résident-es lillois-es de 60 à 75 %, afin de les rendre plus accessibles. Pour éviter toute polémique hors de propos sur cet amendement, je vous rappelle que nous sommes nous aussi pour la construction de nouvelles piscines à Lille et que nous contestons seulement la localisation de l’une d’elle sur un espace qui était promis comme espace vert à la ZAC Porte de Valenciennes.
Le troisième amendement vise à atténuer la charge sur les familles modestes de l’extension du stationnement payant. Nous vous l’avons déjà dit, nous considérons qu’à l’heure où chaque euro compte pour les plus modestes, 10 euros par mois, soit 120 euros par an, ce n’est pas un tarif assez solidaire. Le stationnement payant qui vise à diminuer la place de la voiture dans la ville ne doit pas être un nouvel impôt pour les plus pauvres. C’est pourquoi nous vous proposons à nouveau, par cet amendement, de créer un tranche à 1 euro par mois pour les foyers qui se situent en dessous du seuil de pauvreté. Nous avons chiffré cette mesure à 400 000 euros maximum, ce qui est peu face au 6 millions d’euros supplémentaires attendus cette année grâce au stationnement payant.
Cher.es collègues, à Lille Ville de la Solidarité, soyons à la hauteur de l’attente de nos administré.es pour les protéger des effets délétères de l’inflation.