Madame le Maire,
En 1958, la création de la Cité Concorde comme on la nomme à l’époque, représente un énorme progrès social : cette arrivée massive de logements sociaux, équipés d’électricité, de salles de bain privatives, d’eau chaude permet à des milliers d’habitants d’améliorer leurs conditions de vie. Et déjà à l’époque, cette idée d’intégrer la nature, en construisant des barres d’immeubles entrecoupés d’espaces verts et de vie.
La Cité Concorde, c’est 1500 logements tous sociaux. Du 100 % hyper social qui a servi, notamment depuis les années 1970 et encore aujourd’hui, à loger des personnes précaires ou des travailleurs pauvres.
Demain, le quartier ne sera plus composé que de 30% de logements sociaux à l’issue de l’opération de renouvellement urbain qui le vise actuellement. L’objectif ? Favoriser la mixité sociale, objectif fixé par l’ANRU.
Au nom du groupe Lille Verte, nous souhaitons rappeler trois éléments :
1) Nous nous inquiétons de la destruction de logements sociaux de manière massive, à l’heure où la situation est plus que tendue sur le territoire métropolitain, à l’heure où nous manquons de logements sociaux. Nous savons l’effort de la Ville pour maintenir ces logements à Lille. Mais, nous partageons – une fois n’est pas coutume – les propos du Préfet dans son courrier au Président de la MEL en novembre dernier sur les difficiles relogements et la (non) reconstitution de l’offre démolie. (Notons tout de même que c’est l’État qui est à l’origine de cette politique que lui même dénonce). La politique du bulldozer (ou du coup de pelleteuse aujourd’hui) n’est pas toujours la bonne. Nous y préférons la politique de la préservation, de l’entretien des logements sociaux et leur modernisation. Surtout quand des communes de la MEL ne jouent pas le jeu des relogements ou des reconstructions de logements sociaux, au détriment – en premier lieu – des habitants les plus précaires.
2) Nous préférons le 100 % rénovation, avant toute chose. Rénover, cela permet d’éviter des destructions lourdes et couteuses, financièrement, écologiquement mais aussi émotionnellement – aux habitants du quartier. Des exemples parisiens (Bois le Prêtre) en sont des exemples, avec une forte amélioration du confort thermique des habitants et le maintien dans leur lieu de vie, le leur et bien souvent celui de leur famille. A Concorde, sur les 1500 logements, 704 seront détruits et seulement 248 requalifiés. 32 000 m² de bureaux vont être construits. Logique étrange – certainement immobilière et financière – quand le stock de bureaux disponible n’est pas écoulé sur Lille et la MEL selon la CCI.
3) Certaines logiques de l’ANRU restent bonnes (accroître les services publics, verdir les quartiers même si Concorde est déjà un quartier assez vert). Toutefois, nous déplorons le manque de possibilités d’adaptation de l’ANRU sur les démolitions / reconstructions. Nous comprenons que cela soit difficilement négociable à la vue des masses financières que cela représente pour notre ville et la métropole (en termes de subventions d’État).
4) Les objectifs de mixité sociale – si nous pouvons les comprendre – ne doivent pas faire oublier les objectifs de lutte contre la pauvreté et d’amélioration des conditions de vie des habitants des logements sociaux, à court ou moyen terme. Il ne suffit pas de mixer une population pour faire disparaître la précarité chez celles et ceux qui la connaissent.
Pour conclure, c’est avec un pincement au cœur que nous regardons l’évolution du quartier. En bien parfois, avec l’arrivée de nouveaux équipements. Avec inquiétude souvent, à la vue de la destruction progressive de ces « Biscottes » du Faubourg de Béthune.
Ainsi, et en cohérence avec les éléments présentés précédemment, nous nous abstiendrons sur cette délibération.
Je vous remercie pour votre attention.