Madame le Maire,
La délibération que vous nous présentez concerne l’introduction de vélos en libre-service à Lille. Les règles que vous avez imposées aux entreprises visent à faire respecter le partage de l’espace public, nous sommes parfaitement d’accord avec ça et voterons pour cette délibération.
Dans le même temps, nous avons découvert cette semaine la publication d’un arrêté d’une grande complexité visant à imposer aux cyclistes de mettre le pied à terre dans les zones piétonnes et les zones à trafic limité le samedi. Nous dénonçons cette décision qui, sous couvert de réguler des pratiques abusives, tend davantage à défavoriser un mode de transport pourtant vertueux. Et ce alors que la Ville dit encourager cette activité dans ses discours.
Sur la forme, cette décision ne nous surprend même plus. Mettre en place une mesure avant même la clôture de l’atelier de quartier consacré à la thématique, et sans que la mesure n’ait été présentée au préalable en conseil de quartier… Si nous pouvions penser que la signature de la charte 5 G avant la remise de s conclusions des ateliers avait été un accident, en fait annoncer une décision avant la fin de la concertation est plutôt un mode de faire !
Revenons à l’arrêté « cyclistes pied à terre ». Pour un voyage d’études sur la mobilité, j’étais il y a deux jours à Gand, à 70 kilomètres à peine d’ici. Les déplacements à vélo y représentent un déplacement sur trois ! Pourtant, seulement 2 rues sont entièrement piétonnes dans toute la ville, de 11 heures à 18 heures… Nous avons la preuve que l’afflux de cyclistes peut être géré différemment qu’en leur interdisant tout bonnement l’accès à une partie du centre-ville. Rien qu’en 2023, la ville de Gand a Valenciennes
Au delà de la communication, nous n’encourageons pas tant que ça la mobilité cyclable. Entre les pistes pas adaptées, les franchissements du périphériques dangereux pour les cyclistes, les espaces partagés autour du parc Jean-Baptiste Lebas qui passent entre des terrasses de café, il faut être déterminé pour choisir le vélo à Lille ! Le timing de cette décision nous interroge également. Pourquoi la prendre alors que la rue du Molinel est encore en travaux, et que les cyclistes empruntent déjà le trottoir pour éviter de se faire écraser ?
Oui, il faut protéger les plus vulnérables sur la route, les piétons. Cette décision avait un sens rue de Béthune, rue du Sec Arembault, rue Neuve où un piéton peut effectivement être en danger à des horaires de grande fréquentation comme le samedi à 14 heures. Oui, nous le reconnaissons sans difficulté. Nous sommes tous également piétons. Il ne s’agit pas d’opposer ces deux modes de déplacement. Mais cette décision implique un périmètre qui fait près de la moitié du centre-ville ! L’intensité du trafic n’est pas du tout comparable dans l’ensemble des rues qui sont interdites à la circulation le samedi, et encore moins selon les heures.
D’ailleurs les piétons ne sont pas si bien traités que ça. A l’inverse des autres villes, à Lille, on prend de la place aux piétons pour construire les futurs aménagements, comme rue Solférino, ou devant le parc Jean-Baptiste Lebas, plutôt que de la prendre aux voitures.
Première absurdité : plusieurs bornes de V’Lille sont situées dans la zone permanente : place Gilleson, rue des Tanneurs, place Richebé. Louer un vélo pour marcher à côté, c’est le nouveau concept du service !
Seconde absurdité : le samedi, c’est une inégalité entre les cyclistes et les automobilistes que vous instaurez. Les riverains des zones à trafic limité pourront rentrer chez eux en voiture, mais pas les cyclistes qui devront mettre le pied à terre jusqu’à leur domicile !
Le code de la route prévoit déjà verbaliser les cyclistes qui roulent trop vite dans les aires piétonnes. Cet arrêté est finalement un constat d’échec, interdire plutôt que de réguler. Avec cet arrêté, la Ville envoie un mauvais signal, celui d’une Ville hostile aux vélos, ce que nous regrettons.
Si l’écologie à la française, c’est la France condamnée par l’Europe, la politique cyclable à la lilloise, ce sont les cyclistes condamnés par le Beffroi.
Je vous remercie pour votre attention.