Manquement à ses obligations en matière de logement d’urgence : Faustine Balmelle enjoint la Ville à rejoindre l’attaque contre l’Etat

Madame le Maire,

Le Plan de lutte contre les exclusions prévoyait la création de 200 places d’hébergement d’urgence supplémentaires, la délibération de ce soir propose le vote de la création de 117 places dès à présent. Nous sommes tout à fait favorables à cette proposition, bien entendu.

Cependant le texte de cette délibération, tout comme les explications reçues en commission, demeurent encore flous. 70 places auraient déjà été identifiées, sans qu’on nous dise où elles se trouvent précisément, les autres seront construites : quand ? où ? Quelles répartitions ? Pour quel public ?

Nous nous réjouissons de voir que des places d’hébergement vont être proposées dans des bureaux par l’association le Souffle du Nord, proposition que nous avions par ailleurs porté ici en Conseil municipal. Cela prouve que des solutions existent et que nous pouvons agir localement. Nous suivrons avec attention le déploiement de ce dispositif dans notre ville.

En parallèle, et comme d’autres villes de gauche et écologistes comme Rennes ou Lyon par exemple, nous continuons de porter des propositions pour les personnes sans abri : en utilisant l’urbanisme transitoire pour mettre à l’abri au maximum les personnes dormant à la rue, en ouvrant des bâtiments municipaux vacants ou inoccupés, en créant un centre d’hébergement municipal pourquoi pas comme cela peut se faire ailleurs, etc.

Ce soir, permettez-moi de partager tout de même une inquiétude. Nous vous avons déjà interpellé à plusieurs reprises sur le sujet mais nous sommes inquiets de la situation des jeunes mineurs de Lille-Sud qui vivent en campement dans des situations tout à fait inacceptables au parc de l’Adventure. Nous ne saurons toléré une énième expulsion sans relogement ou accompagnement si cela était envisagé, à fortiori quand cela concerne des jeunes, des mineurs, des adolescents devant être pris en charge par l’État ou le Département.

Permettez-moi aussi un étonnement. Pourquoi vous, mesdames et messieurs de la majorité, ne vous incluez pas dans le mouvement national actuel des grandes villes de France pour plus l’hébergement d’urgence ? Plusieurs villes de gauche et écologistes (Paris, Rennes, Lyon, Strasbourg, Grenoble, Bordeaux) ont signé cette semaine une tribune parue dans Libération pour expliquer leur décision d’attaquer l’Etat en justice pour son manquement à ses obligations en faveur des personnes sans domicile. Vous nous dites, de conseils municipaux en conseils municipaux, que la mise à l’abri et la lutte contre la pauvreté est une compétence de l’État. Nous sommes d’accord avec vous. Mais alors pourquoi ne pas vous joindre à cette démarche et allez jusqu’au bout ?

L’année dernière, suite à une tribune similaire de ces mêmes communes de France, qui envisageaient alors seulement la démarche, vous n’étiez déjà pas signataire.

Mais à la vue des besoins locaux, Mme la Maire, nous vous invitons à être courageuse sur la question, à assumer votre position envers l’Etat et à aller jusqu’au bout en rejoignant le mouvement des autres communes. Vous aurez notre soutien.

Je vous remercie pour votre attention.