Julie Nicolas rappelle l’importance stratégique de conserver un espace de nature en ville pour l’Arc Nord

Mesdames, messieurs,

nous avons ce soir au menu des délibérations un petit bout de l’Arc Nord, à travers une délibération technique, pour une base vie dont la presse s’est déjà fait l’écho. Une délibération qui porte sur l’une des multiples zones enclavées de cet Arc Nord, 8 hectares sur un total de 200 hectares qui attendent un projet hautement stratégique.

Au début de ce mandat, déjà, notre groupe alertait sur l’importance stratégique de l’Arc Nord, et sur la nécessité absolue, pour l’avenir de notre ville, sa résilience, de préserver les dernier potentiels qu’il nous reste d’avoir plus de nature en ville (avec le site de Saint Sauveur et les nombreux délaissés du secteur CHR, bien sûr).

Il y a près de deux ans ainsi j’alertais dans cette enceinte sur l’impératif de l’information publique et du débat démocratique, à l’échelle de ce conseil municipal bien sûr mais aussi – et surtout ! – avec les habitants.

Alors oui, il y a eu une concertation préalable, qui s’est achevée il y a tout juste un an avec plusieurs belles contributions de part et d’autre de la Deûle. Je pense à nos collègues d’Osons Saint André ou de la Madeleine nouvelle, qui ont, comme le groupe Lille Verte, fait part de leurs propositions et de leurs visions.

Mais pour l’essentiel, si des travaux démarrent aujourd’hui nous ne sommes guère plus avancés quant-au projet, quant aux études réalisées, quant aux conclusions de la concertation préalable.

Quelques délibérations techniques ont bien eu lieu, mais dans l’enceinte très réduite du bureau de la MEL.

Nous avons donc, toujours, 200 hectares de nature en devenir-mais pas que, qui échappent presque totalement à l’information des conseillers municipaux de cette ville.

200 hectares, d’Euralille à la Deûle, soit l’équivalent d’un quartier lillois mais à cheval sur 4 communes. Nombre de coutures à résorber.

Nombre d’enjeux à anticiper : la régulation de l’appétit du secteur tertiaire, les mobilités douces qui sont essentiellement faites en pointillés et sauts de puces entre successions de voies rapides, et bien évidemment la biodiversité, l’accès à la nature, la restauration des connections biologiques avec les habitats naturels de nos 4 communes.

Cependant nous avons appris au cours de ces dernières années à redoubler de vigilance. Et c’est finalement grâce à un Cerfa, publié par la DREAL, déniché parmi quelques centaines d’autres, que nous sommes parvenus à en savoir plus sur la portée de cette délibération.

Pour la bonne information du conseil municipal, attardons nous donc sur ce que dit ce CERFA de septembre 2022.

Il concerne l’ensemble de la requalification écologique, hydraulique et patrimoniale du bras mort de la Basse Deûle. Il est effectivement question du front nord, mais pas seulement : il s’agit de mettre en réseau la basse deûle, la tortue, avec la plaine de la Poterne. Nous apprenons également, dans ce Cerfa, quelques informations qui auraient pu faire l’objet de plans présentés aux lillois.es – et à ce conseil municipal.

Il est donc question d’entretien du cours d’eau, de reprofilage, de travaux de voirie et réseaux, de requalification de 2767 m² de chemin bétonné existant, de création de 1144 m² supplémentaires, et du doublement de la surface de chemin en marquise.

Il est également question de la pose d’ouvrages de franchissement. Où ça ? Me demanderez-vous – malheureusement l’information continue de manquer, mais gageons que ces franchissements permettront peut être de traiter quelques points durs en matière de mobilité sur ce secteur, et qu’une restauration écologique ne devrait pas, a priori, faire de dégâts.

Mais nous pourrions aussi en douter. Car il est aussi question d’« évacuation de jardins familiaux « sans droits » », d’émondage, de plantation d’arbres… et d’abattages !

Pas plus évoqués en commission que dans d’autres instances dédiées, notamment, à l’information des citoyens et de leurs représentants au conseil.

Évacuations ? Combien de jardins, combien de personnes qui se nourrissent aujourd’hui de leur jardin ? Ont-ils tous eu une alternative qui leur a été proposée pour qu’ils continuent de pratiquer cette agriculture vivrière ?

Abattages ? Combien ? Plus ou moins que les 88 arbres annoncés morts dans le CERFA consacré cet été au réaménagement des pyramides ? La séquence Eviter-Réduire-Compenser sera-t-elle été respectée ?

Tout comme nous n’avons pas eu de réponse en commission, nous n’aurons pas, et probablement jamais, l’étude globale. Peut être verrons-nous des confettis de projets dans des Cerfas au cours des 3 années à venir.

Ou peut être saisirons-nous désormais l’opportunité d’une grande information et d’un grand débat publics sur ce projet au long cours.

Je vous remercie