Faustine Balmelle espère que la remise au point de la Préfecture va pousser Vilogia et les autres bailleurs sociaux à mieux entretenir leurs propriétés

Madame le Maire,

En cohérence avec notre groupe à la MEL, nous nous abstiendrons sur cette délibération.

Cette charte métropolitaine de relogement, qui est une actualisation de celle qui existait déjà, est finalement moins ambitieuse que ne l’était la précédente. Les bailleurs démolisseurs, qui avaient auparavant la charge du relogement de 60% des occupants des logements sociaux détruits dans le cadre du NPNRU, auront désormais 70% des relogements à leur charge.

Ce sont pourtant eux qui concentrent les publics les plus fragiles, et nous ne pouvons voir cette décision que comme une baisse d’ambition de la MEL vis-à-vis des autres bailleurs du territoire ou d’un travail en inter-bailleur.

Au-delà, il est capital que les bailleurs respectent leurs obligations passées avec les communes. Nous l’avons vu récemment avec Vilogia. Dans le cadre de la Politique de la Ville et du Contrat de Ville en cours, les bailleurs sociaux bénéficient d’un abattement de la taxe foncière sur les propriétés bâties TFPB en contrepartie d’un sur-investissement dans les résidences ou logements situés en quartier prioritaire. Bien souvent, les actions des bailleurs dans ce cadre sont difficilement lisibles, les contrôles ou évaluations non réalisées ou insuffisantes de la part des bailleurs mais aussi des institutions.

Vilogia s’est donc fait épingler par le Préfet sur ce point, à juste titre, à cause d’un manque d’entretien flagrant de leurs logements ou des parties communes. Non-entretien que nous avions déjà dénoncé à plusieurs reprises à la Ville et à la MEL, sans soutien de votre part. Je pense particulièrement au sujet des Aviateurs en juin où nous avons même été qualifiés « d’agitateurs » à la MEL parce que nous soutenions les locataires. Les faits – et les articles de la VDN puis le courrier du Préfet le démontrent – étaient pourtant bien avérés.

Qu’il y ait un ANRU ou non, des démolitions ou non, rien ne peut justifier de telles conditions de vie pour des locataires de logement social. Le logement social, largement soutenu par les deniers publics, se doit d’être exemplaire. C’est pourquoi nous espérons que cet avertissement à Vilogia fera réagir largement l’ensemble des bailleurs sociaux sur l’entretien de leur parc.

S’il faut obliger les bailleurs, il faut également et surtout, obliger l’État. Comment ne pas être indigné face à la politique gouvernementale menée depuis 2017 sur la question du logement social ? Baisse des objectifs de productions de logements sociaux, baisse des aides à la pierre, baisse des APL reporté sur les bailleurs, diminution des dotations… Rien n’est fait pour soutenir les bailleurs sociaux. Les dernières annonces du congrès HLM, si elles vont globalement dans le bon sens, sont encore trop timides pour permettre une réelle rénovation du parc social et le développement de logements sociaux (notamment des PLAI). Surtout quand 23 000 Lillois attendent un logement social actuellement.

Terminons enfin par la production de logements sociaux. On nous demande de voter ce soir dans une autre délibération une aide financière à la création de 13 logements sociaux boulevard Victor Hugo dont la composition est de 2 PLAI, 6 PLUS, et 5 PLS, soit finalement l’inverse du besoin effectif. Si nous sommes évidemment favorables à l’action de l’Organisme Foncier Solidaire, véritable outil de lutte contre la spéculation immobilière et d’aide à l’accession à la propriété des plus modestes, Son action doit être massifiée et soutenue, surtout à la vue des enjeux actuels de logements. Sur le tiers de logements sociaux prévus dans votre objectif de production de logements sur le mandat, seuls 15 % d’entre eux seront produits par l’OFS, soit environ 400 logements. Vous conviendrez que c’est peu.

Loin des caricatures que vous aimez à faire de nous parfois, Mme La Maire, notre vision du logement social à Lille est globale et systémique :

elle allie une rénovation nécessaire à la création et l’augmentation de logements sociaux (notamment PLAI), tout en préservant un cadre de vie de qualité ;

elle allie travail en coopération avec les bailleurs sociaux sans se dispenser pour autant d’un nécessaire contrôle de leur action ;

elle allie lutte contre les logements vacants, insalubres, indignes et lutte contre la spéculation immobilière et les marchands de sommeil ;

elle allie soutien aux ménages précaires et aide à l’accès à la propriété des modestes.

Je vous remercie pour votre attention.