Madame le Maire,
La délibération soumise au vote ce soir porte sur l’avis de la Ville sur le projet de Plan Local d’Urbanisme intercommunal de la MEL, PLUi de son acronyme (et le i est important j’y reviendrai).
Un avis de la ville et non le document métropolitain. Autrement dit, la lecture que fait la majorité municipale d’un document dense et fort complexe.
Un document essentiel pour atteindre la neutralité carbone. Un document tout autant essentiel pour répondre aux besoins de logements.
Alors que dire sur ce PLUi sans refaire le débat métropolitain ? Beaucoup de choses.
Je commencerai par l’absence d’imbrication des différents documents structurants de la MEL : Plan Local de l’Habitat (le PLH), Plan de Mobilités (le PDM), Plan Climat Air Energie Territoire (PCAET), Plan Local d’Urbanisme intercommunal (le PLUi)… qui est criante.
Les questions de logement et de mobilités sont intrinsèquement liées à l’urbanisme. L’aspect mobilités n’est quasiment pas développé dans ce PLUi.
Ensuite, bienvenue dans un urbanisme façon puzzle. Ce PLU3, comme le PLU2 avant lui, représente une succession de projets juxtaposés sans vision d’ensemble de ce que devrait être la métropole de demain. Un puzzle à 95 pièces où chacune d’entre elles aura été dessinée à la demande de chaque maire.
A l’heure des défis sociaux et environnementaux, l’égoïsme municipal, ça ne peut fonctionner !
Une illustration : les mesures d’adaptation au changement climatique. Seulement 7 communes sur 95, dont Lille, reconnaissons le, instaurent un coefficient de biodiversité par surface.
L’absence d’un caractère général relativise grandement son intérêt. Et pourtant la MEL n’est pas une juxtaposition de 95 atolls sans connexion !
Cet outil réglementaire devrait s’étendre à l’ensemble du cœur métropolitain pour que son effet soit pleinement opérant.
Vous l’aurez compris, en raison de l’absence manifeste d’un caractère intercommunal, pour le restant de mon intervention, je parlerai de PLU et non plus de PLUi.
Comme d’habitude, vous allez me répondre que les écologistes voient toujours le verre à moitié vide.
Les critiques de ce PLU ne sont pas le monopole de notre groupe politique.
La Mission régionale de l’autorité environnementale des Hauts-de-France (MRAe) a pointé les nombreuses insuffisances du document.
En plus de la question de la biodiversité, la MRAe pointe l’insuffisance du dossier sur le climat. La MRAe toujours juge également incomplète l’évaluation environnementale produite par la MEL. Dans ces conditions, le projet de PLU, je cite : « a des impacts significatifs sur la biodiversité et prévoit la création de logements dans des secteurs où la qualité de l’air est très dégradée, avec des impacts forts sur la santé ». Enfin, la MRAe rappelle que la résorption de la vacance des logements doit être une priorité dans notre stratégie d’urbanisme.
La MRAe, pas uniquement ?
Qui a écrit « La définition de secteurs de performance énergétiques et environnementales renforcée est positive, mais son application géographique demeure limitée. » ? Le Préfet dans son avis technique rendu cette semaine.
Si je terminais mon intervention à ce stade, vous pourriez en esquivant le rôle de la première commune de la Métropole en conclure « c’est la faute à la MEL ».
Alors, venons en au territoire lillois.
Dans ce PLU3, comme dans le PLU2, les Orientations d’Aménagements et de Programmation (OAP) de projets urbains proposées sur le territoire lillois se ressemblent et se multiplient aux quatre coins de notre ville. Je rappelle notre désaccord avec l’OAP boulevard de la Lorraine et de la Moselle, l’OAP quartier du Ballon, l’OAP Saint-Sauveur… liste est non exhaustive…
Saint Sauveur. Selon une étude sur l’immobilier d’entreprise de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lille en 2021, plus de 130 000 m² de bureaux neufs (construits et en construction) sont actuellement disponibles dans l’agglomération lilloise.
Quel effet : aucune remise en cause dans l’OAP Saint Sauveur des 35 000 m² de bureaux prévus dans le projet.
Chers collègues, ce n’est pas en supprimant la fosse de plongée que le projet serait devenu acceptable. Cette friche a vocation à offrir un véritable second poumon vert aux lillois et lilloises.
Nous ne pouvons pas accepter non plus qu’en dépit des critiques que nous avions apportées lors du PLU2 sur l’OAP boulevard de la Lorraine et de la Moselle, cette OAP ne comprenne toujours pas de hauteur maximum inscrite pour les bâtiments sur la totalité du projet. Hauteur non reglementée, une écriture qui maintient le projet d’une tour sur le site de l’ex collège de Staël. Seule mention « ne pas porter gravement atteinte aux conditions d’éclairement d’un immeuble voisin ». Comment se mesure la gravité de l’atteinte ?
Au dela de ces deux cas, combien de projets urbains Lillois passeraient le test de l’Urbascore parisien ?
A Paris, on ne construira plus de logements à proximité du périphérique. Ici, les OAP Porte métropolitaine ou Saint-Sauveur sont proches du périphérique et situées dans des zones identifiées comme très polluées sur les cartes d’ATMO.
Face à l’urgence climatique et environnementale, nous avons besoin d’ambition à Lille comme sur l’ensemble de la métropole. Des règles qui doivent rompre avec la façon dont nous avons construit jusque-là.
Pas de réelle refonte mais quelques évolutions marginales pour intégrer les nouvelles communes de la MEL et quelques obligations réglementaires.