Pour Stéphane Baly et Lille Verte, la publicité dans l’espace public, c’est non !

Madame le Maire,

Cela ne vous étonnera pas, en cohérence avec ce que nous avons fait par le passé, nous ne voterons pas pour cette délibération. Notre intervention de ce soir ressemblera beaucoup à celle que nous avions prononcé en 2017, lors du dernier renouvellement du marché d’affichage publicitaire, et pour cause : pratiquement rien n’a changé depuis. Du moins, aucune évolution majeure n’intervient qui puisse garantir une amélioration significative de la qualité de l’espace public.

Parce que c’est bien de préservation et même d’amélioration de l’espace public qu’il s’agit quand on touche à la publicité en ville. Il paraît anachronique, quand on cherche à préserver (par endroit) ou à augmenter (à d’autres) la place de la nature en ville, de s’accrocher aux vestiges d’une économie consumériste qui a atteint ses limites.

Gaspillage énergétique des panneaux lumineux, pollution visuelle, incitation à surconsommer… Les raisons écologiques pour limiter les publicités sont nombreuses. Notre addiction à la consommation est la première cause du changement climatique et de la perte de la biodiversité. Oui, la publicité est le moteur de cette économie productiviste de fait incompatible avec la transition écologique que la Ville défend en discours, mais qu’elle peine à appliquer aux échelles indispensables.

L’argument financier constamment mis en avant ne pourra jamais compenser sa néfaste pénétration de l’espace public et des esprits. Le prétexte que les recettes financeraient la métamorphose paysagère est doublement erroné. D’une part on ne demande aux fabricants de cigarettes de financer la lutte contre le cancer du poumon et d’autre part si l’engagement financier pour la métamorphose de notre ville s’élève aux recettes du contrat d’affichage, la métamorphose va rester durablement au stade de chrysalide !

En effet parlons finances !

L’avant-dernier contrat publicitaire rapportait 2 millions d’euros, le dernier 1,7 millions, les recettes projetées pour celui-ci ne sont plus que de 1,4 millions. De toute évidence, le marché de la publicité physique vit ses dernières heures, sa mutation vers le plus lucratif monde du numérique a déjà bien commencé.

Vient ensuite la réduction du nombre de panneaux. Il est écrit dans la délibération que le nombre de mobilier / la taille du mobilier a été significativement réduite, permettant une diminution de la surface publicitaire de près de 29%. Tout cela est bien trompeur. Si le nombre de panneaux de 8m² diminue effectivement, ce qui tend à réduire la surface de mobilier publicitaire, on peut lire dans le contrat que le nombre de panneaux de 2m² sera de 240, que celui des 8m² sera de 25, et que les colonnes seront au nombre de 7, soit 272 panneaux au total. A quelques panneaux près, le nombre de panneaux reste constant par rapport à la situation actuelle. En somme, il y aura des panneaux moins grands, mais ceux-ci seront bien plus nombreux.

L’une des avancées de ce contrat réside dans une contrainte externe en réalité, qui vient de l’extension de la surface du secteur protégé. Seuls les 2m² y seront autorisés. Le risque est donc que les panneaux de 8m², privés d’implantation au centre, soient plus concentrés dans les quartiers périphériques.

Pire, ce contrat contient même une régression : la signature du contrat pour 12 ans ! De 5 ans pour le dernier, on passe à 12, ce qui retire même à la prochaine majorité la possibilité de modifier les modalités de l’affichage publicitaire à Lille.

Des questions connexes subsistent. Quelles actions sont mises en place pour lutter contre l’affichage lumineux illégal qui persiste dans les locaux commerciaux, en direction de l’espace public ? Et pour lutter contre l’affichage commercial sauvage squattant les panneaux d’expression libre ?

En l’état, cette délibération est franchement anachronique et conformiste. Son manque d’ambition ne permet pas de progresser vers une ville sans publicité, condition d’une ville 100% tournée vers la transition écologique. Chers collègues, ce soir, une fois encore, nous pourrons souligner qu’il n’y pas de politique vraiment écologique sans les écologistes pour la mener.

Je vous remercie pour votre attention.