Nathalie Sedou s’inquiète du possible démantèlement de la collection botanique de la serre du Jardin des Plantes

Nous voici 6 mois après la fermeture abrupte de la grande serre du Jardin des plantes. Est-ce qu’on en sait un peu plus sur vos intentions ? Ou est-ce que, l’air de rien, vous nous demandez, ce soir, de signer l’acte premier du démantèlement de sa collection botanique ?

Il y a d’un côté des signes encourageants : d’abord vous avez constitué un comité scientifique ; ensuite les services de la ville attachés à la serre ont pris grand soin des plantes transférées et vous n’avez pas condamné les grands sujets indéplaçables, qui ont pu passer l’hiver. Enfin vous avez déjà investi 160.000€ pour mener rapidement des travaux nécessaires. C’est une vraie satisfaction.

Mais il y a d’un autre côté le texte de cette délibération, vos propos tenus dans la presse tout récemment et ce soir. Et là, ça devient moins lisible, les mêmes contradictions persistent depuis 6 mois. Par exemple M. Dendievel, vous continuez à dire qu’une serre d’exposition a par définition un caractère temporaire, ce qui est fantaisiste. Il semble que la différence entre serres d’exposition, de conservation et de production continue de vous échapper. Soyons précis : une serre d’exposition a bien une vocation pérenne et pédagogique de présentation des collections. Les serres de conservation et de production qui la complètent, servent à maintenir le cheptel, à remplacer les sujets qui meurent, à soigner les sujets fragiles, à préserver les espèces, etc.

Alors on connaît votre adage plein de bon sens : « dire ce qu’on fait, et faire ce qu’on dit ». Mais quand ce que vous dites est approximatif et incohérent, il y a tout lieu de s’inquiéter de ce que vous allez faire. Vous prétendez viser le label Jardin botanique de France, difficile à obtenir, tout en restant évasif sur le devenir de la grande serre, pièce maîtresse du jardin des plantes. Or elle seule permet une véritable mise en scène des écosystèmes.

Avec un dispositif nommé « Adopte une plante » référence très marketing au site de rencontre « adopte un mec », on sent le coup de com politique, mais on ne trouve pas l’ombre d’un début de projet. C’est gratuit mais ça fait moins rêver. Et on se prend à imaginer ce que vous auriez pu faire d’une action de sciences participatives. Aussi, nous avons des questions très précises. Vos réponses intéresseront certainement les 12000 signataires de la pétition pour préserver la serre dans sa fonction :

Avez-vous partagé votre inventaire des collections avec le comité scientifique et défini avec lui votre politique de conservation et de déclassement ?

S’agit-il de déclasser 1000 plantes issues uniquement de la reproduction des plantes-mères ? Entre rempotage, bouturage et reproduction, la délibération reste délibérément confuse. Vous évoquez des surplus liés à une politique de conservation de 1 à 3 individus par espèce. 1 à 3 c’est peu, très peu et risqué. Sur quoi avez-vous fondé ce choix ? D’autant que le nombre de 220 espèces indique en soi une réelle valeur patrimoniale de la collection. Avec 660 plantes maximum, on est très loin des 2600 qui constituent la collection actuelle. Là-dessus, la délibération reste muette. Y’aurait-il donc d’autres déclassements à venir ? Avez-vous évalué le coût que cela représenterait pour notre ville de reconstituer une nouvelle collection botanique ?

Alors, je vous en prie, soyez clair dans votre réponse. Que comptez-vous faire de tous les sujets entreposés dans les serres de production et conservation, serres d’abord dédiées à préparer le fleurissement de la ville ? Allez-vous oui ou non diminuer les collections botaniques déménagées de la serre ?

Si oui, selon quels critères quand tout reste à définir ? Vous n’avez toujours pas présenté d’étude technique sur la grande serre de JP Secq (notre courrier du 14 octobre reste sans réponse à ce jour). A fortiori vous n’avez à ce jour ni projet de rénovation, ni projet scientifique. Pendant combien de temps le bâtiment demeurera fermé ? Allez-vous réintégrer une partie de la collection une fois les études effectuées ?

Bref, comme vous aimez à le dire Mme la Maire, « quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup ». Faute d’être au clair sur vos intentions véritables, mais sans renier l’intérêt que peut revêtir un déclassement de plantes issues de reproduction selon certaines conditions, nous nous abstiendrons sur cette délibération.

Vigilant sur ce dossier, notre groupe reste à votre disposition en dehors des séances de conseil municipal et de commission, pour échanger sur le devenir du Jardin des plantes et sur le maintien de la grande serre dans sa fonction.