« Cela fait un trimestre que c’est en place et pour nous c’est constructif. C’est utilisé et utilisé à très bon escient. L’idée, c’est vraiment de se sentir bien quand on est au travail. ». Ce sont les mots, dans la voix du Nord, de la directrice d’une association roubaisienne, l’ARA, qui expérimente depuis janvier le congé menstruel. « Se sentir bien au travail », cela peut rapidement relever de la mission impossible pendant la période menstruelle pour beaucoup de femmes et de personnes menstruées. Les règles peuvent avoir un véritable impact sur la santé. Nous les avons en moyenne 2250 jours dans nos vies, soit plus de 6 ans ! 6 ans de souffrances et de tabou pour un grand nombre d’entre nous : selon l’IFOP 48 % des français.es souffrent de règles douloureuses. Selon la même étude, 19 % ont renoncé à aller au travail à cause de ces douleurs. Les chiffres sont éloquents : une femme sur cinq souffre de crampes sévères, cela représente 370 millions de personnes dans le monde, une sur dix d’endométriose, le même nombre du syndrome des ovaires polykystiques, soit 186 millions de personnes. Dans le monde, les problèmes de santé liés aux règles sont donc ceux qui touchent la plus grande population et pourtant la science et la médecine ne se sont que très peu penchées sur le sujet. La raison ? Un tabou millénaire source de discriminations pour la moitié de l’humanité… Un tabou qui participe à la division patriarcale entre ce qui est jugé pur et impur, et qui justifie l’ordre établi.
Dans un essai satirique, Gloria Steinem écrivait en 1978 :
« Et si, soudainement, par magie, les hommes pouvaient avoir des menstruations et pas les femmes ? De toute évidence, les menstruations deviendraient un événement enviable, digne et masculin. Les généraux, les politiciens de droite et les fondamentalistes religieux citeraient les menstruations comme preuve que seuls les hommes peuvent servir Dieu et leur pays au combat (…) ». »
Vous l’aurez compris, ce combat est éminemment féministe ! Depuis des années, de nombreuses associations mènent le combat pour lutter contre ces discriminations et ces tabous. Il est urgent de se doter d’un cadre pour protéger les salarié.es !
La France est en retard sur de nombreux pays. Pour citer quelques pays : depuis 2003 deux jours de congés menstruels sont accordés en Indonésie, en Zambie un jour de repos est accordé, aussi le 16 février 2023, les député.es espagnol.es ont définitivement voté une loi créant un congé menstruel pour les personnes souffrant de règles douloureuses, une première en Europe.
Des candidates et candidats de gauche se sont emparés du sujet lors de l’élection présidentielle, votre parti, le parti socialiste l’a d’ailleurs mis en place depuis le mois de novembre pour les salarié.es du siège.
A présent ce sont les villes qui s’emparent du sujet. A l’instar des villes de Saint-Ouen ou encore de Paris, nous vous demandons donc aujourd’hui d’adopter ce vœu pour :
-interpeller le gouvernement quant à la mise en place d’un congé menstruel pour
l’ensemble des salariées du secteur privé et l’ensemble des agentes des fonctions
publiques territoriale, d’État et hospitalière ne pouvant effectuer leur travail ;
-dès lors que le cadre réglementaire le permettra, expérimenter la mise en place d’un
congé menstruel pour les agentes de la Ville de Lille ne pouvant effectuer leur travail.
Nous pouvons changer radicalement le quotidien des agentes de la ville :
« Notre temps, est arrivé, Connaissons notre force, les femmes, Découvrons-nous des milliers ! »