Julie Nicolas présente le voeu déposé par Lille Verte pour dire notre opposition à la loi anti-squat !

Chers collègues,

Un vœu sur un sujet national mais un sujet si près, très près des sujets municipaux.

Comme cela vient d’être rappelé, la loi sur les retraites et cette mesure sur l’âge de départ se font aux dépens des personnes ayant de faibles revenus, celles-là mêmes qui ont bien souvent commencé à travailler tôt et qui travailleront donc plus longtemps que les catégories plus diplômées.

Ce sont les mêmes, qui sont les plus susceptibles de connaître ces accidents de la vie qui parfois se terminent tragiquement par la perte du logement. Les plus susceptibles de perdre leur emploi pour des raisons de santé, les plus susceptibles de subir les conséquences en chaîne d’une santé dégradée par le travail ou un accident de travail.

Cette société à deux vitesses, c’est tout l’opposé du projet qui nous rassemble dans une ville comme Lille, une ville où la pauvreté, le chômage, les difficultés d’accès au logement sont une vraie réalité, autant que l’est celle de la légendaire solidarité des gens du Nord.

A travers ce vœu, nous vous appelons ce soir à dire non au projet de loi Kasbarian-Bergé, ce projet de loi qui criminalise le locataire qui ne quitterait pas de lui même son logement alors qu’il n’a pas de solution.

Ce sont 300 000 personnes sans domicile qui deviendraient des justiciables,

parce que les pouvoirs publics n’ont pas été en mesure de leur garantir le droit au logement ou a minima à l’hébergement,

dès lors qu’elles ne se contenteraient pas du buisson, du pas de porte ou du recoin auxquelles on voudrait les reléguer.

Il est effectivement urgent que notre société trouve cet équilibre entre droit au logement pour tous et toutes, et le droit de propriété. Mais pas au prix des besoins fondamentaux ou d’une suprématie du droit de la propriété sur les droits fondamentaux.

Cet équilibre, sa recherche doit se faire dans des dispositifs dont tous les rapports nous disent qu’ils sont mal pilotés, défaillants.

Aucun raisonnement, aucune démonstration ne pourra justifier que ce soient les personnes précaires qui doivent endosser la responsabilité des défaillance de l’État, de ses retards, ou du fossé entre les engagements pris et la réalité des mesures qui sont proposées.

Aucun raisonnement, aucun discours, aucun pansement ne peuvent masquer cette logique permanente et insidieuse de socialisation des pertes et de privatisation des profits.

Avec quel résultat ? notre société va de plus en plus mal, de plus en plus de personnes souffrent de précarité énergétique, de précarité alimentaire au point qu’elles sont contraintes de renoncer à un repas au cours de leur journée.

Combien de temps avant que cette précarité subie ne se transforme en autant de drames humains et d’expulsion du logement ?… Des expulsions qui semblent favoriser l’efficacité à l’humanité, et la rapidité à la légalité. Vous l’avez compris, des expulsions sèches, sans proposition de relogement ou d’hébergement.

Nous partageons donc totalement les craintes des associations et souhaitons unir notre voix aux leurs, elles qui nous appellent justement, en tant que collectivité et en vertu de notre proximité avec les françaises et français, à dénoncer ce projet de loi et à réclamer une politique du droit au logement effective.

Il nous faut également balayer devant notre porte.

Certains témoignages ne peuvent que nous alerter et nous appeler à contrôler des pratiques qui se font de nos jours au nom de l’office public de l’habitat pour s’assurer de leur conformité, non seulement avec la loi, mais aussi avec les valeurs qui sont les nôtres.

Nous vous appelons donc à voter pour ce vœu et contre cette loi et à exiger la mise en œuvre de cette trop vieille promesse  : « plus une seule personne à la rue »