Madame le Maire,
On nous demande de voter ce soir pour l’ouverture à des contractuels de 25 emplois de la ville de Lille si aucune candidature de titulaire n’était adaptée. Si nous ne sommes pas opposé.es à cette formalité administrative, la régularité avec laquelle la Ville y a recours et l’amplitude des emplois concernés nous interroge cependant.
Bien sûr, nous savons que les difficultés de recrutement pour les collectivités territoriales sont réelles et qu’elles s’aggravent ces dernières années. L’attractivité en baisse de la fonction publique territoriale due entre autres à la faiblesse des salaires comparés au secteur privé en est en grande partie responsable.
Cependant, le périmètre vaste des postes soumis au recrutement de contractuels nous interroge. Les postes mal payés et routiniers sont partout en tension de personnel, mais il est plus surprenant de ne pas trouver un titulaire sur des postes comme celui de chef de service à la vie sportive.
Nous aimerions profiter de cette délibération pour revenir sur différentes décisions prises par la Ville et sur la gestion des emplois et des compétences, qui peuvent également contribuer à expliquer les difficultés de recrutement.
Commençons par la question du télétravail, qui revient régulièrement dans les discussions que nous pouvons avoir avec les agent.es de la Ville et des représentants syndicaux. De nombreuses études concluent sur une productivité supérieure des salarié.es lorsqu’ils et elles sont en télétravail, bien loin des clichés qui continuent de circuler. Nous étions d’ailleurs intervenu.es en Conseil municipal pour défendre la possibilité d’un second jour de télétravail par semaine. Avec une seule journée par semaine soumise à de nombreuses conditions, la ville de Lille fait partie des collectivités les moins souples en la matière, que cela soit en termes de nombre de jour ou de définition des postes télétravaillables.
La ville de Lille se caractérise également par ses modalités d’organisation du temps de travail. La gestion de l’adaptation de la loi sur les 1607 heures a, pour nous, contribué à desservir la Ville. En effet, les différentes formules n’ont pas été laissées au choix. Les 39 heures par semaine et 23 RTT ont été attribués aux agent.es de catégorie A, le choix pour les catégories B et C ainsi que les catégories A à temps partiel ne se faisant qu’entre deux déclinaisons : 35h par semaine ou 36,5 heures par semaine et 9 RTT. L’écart entre ces deux situations est conséquent. Certains employeurs publics proposent trois ou quatre modalités d’organisation du temps de travail, d’autres expérimentent également une organisation sur 4 jours pour les employé.es qui le souhaiteraient. C’est le choix d’une faible liberté d’organisation du temps de travail pour les agent.es, que nous mettons en cause aujourd’hui.
Ces deux aspects, le faible recours au télétravail et l’absence de choix dans l’organisation du temps de travail pourrait expliquer certains départs d’agent.es de notre collectivité et certaines difficultés à recruter. La ville semble touchée par une vacance d’emplois, y compris dans des emplois structurants de direction, ce qui est inquiétant. S’il semble difficile dans le contexte budgétaire de jouer sur les salaires, les conditions de travail peuvent être un levier d’attractivité de la Ville.
Nous nous interrogeons également sur la gestion des compétences des agent.es qui ne peuvent plus occuper le poste qu’ils ou elles occupaient jusqu’alors. Pour des raisons de santé, des agent.es peuvent ne plus être en capacité de réaliser leurs missions. Comment la Ville gère-t-elle leur accompagnement ? Nous demandons à ce que ces personnes puissent bénéficier d’un bilan de compétence, qu’on les interroge sur leurs souhaits, et qu’elles puissent être formées afin d’occuper un nouveau poste dans la collectivité. Les échos que nous pouvons avoir sur des personnes qui resteraient mises en disponibilité pendant plusieurs années nous alarment. C’est une double peine pour des agent.es qui seraient en capacité de travailler et dont les compétences ne seraient pas exploitées, du simple fait qu’elles ne pourraient pas évoluer.
Derrière les conditions de travail des agents, c’est la question du service public de qualité que la mairie peut fournir aux Lilloises et aux Lillois qui se pose.
Ces décisions et cette gestion nous semblent défavorables à l’attractivité de la Ville, et donc en partie responsables des difficultés de recrutement que nous éprouvons aujourd’hui.
Je vous remercie pour votre attention.