Madame le Maire, Mesdames et Messieurs, Mes cher.ères collègues,
Je tiens d’abord à saluer la procédure mise en place pour cette modification du règlement intérieur des conseils de quartier : 4 réunions majorité et opposition en 2022, les agent.es du service Démocratie Participative qui ont mené des ateliers, des entretiens avec une partie des conseillères et conseillers de quartier, des entretiens avec les directrices et directeurs des mairies de quartier…
Oui, vous avez essayé de faire de la co-construction ! Bravo ! Le problème c’est qu’un rouleau compresseur a écrasé la phase finale. Ça change à la marge, il n’y a aucun changement profond, c’est décevant, pire sur un point on régresse.
Je voudrais relever deux points de contradiction :
D’abord l’affichage. Affichage puisque des 4 réunions que vous avez eu avec nous au cours de l’année 2022, vous ne retenez pratiquement rien. Vous êtes revenus sur certains points où nous avions trouvé un accord – comme sur la périodicité des séances des conseils de quartier ou la co-construction des politiques publiques municipales dont vous vous êtes pourtant vanté lors de l’élaboration du nouveau Projet Educatif Global – et ne tenez pas compte des nombreuses propositions que nous avons formulées. A quoi bon concerter dans ce cas ? La déception devant le fruit de ce travail est à la hauteur des attentes que nous avions placées dans cette démarche.
Après ce point formel, attaquons-nous au fond, et au problème majeur de cette réforme : la fermeture des conseils de quartier au public. Ce règlement intérieur revient sur l’une des principales avancées dans la démocratie participative lilloise, l’ouverture au public de cette instance de participation, acquise d’ailleurs par les écolos en 2014. C’est là que nos visions de la démocratie participative s’éloignent, comment ces instances pourraient-elles être participatives si la présence même des habitant.es du quartier y est interdite, et seulement réservé aux ateliers thématiques restreints à un ou deux par an sur un sujet bien précis ? C’est peu dire que la qualité de la communication, votre capacité à toucher les habitants pour les informer de ces ateliers sera auscultée de près. Nous ne devons pas perdre de vue l’objectif premier : faire en sorte que les habitantes et habitants participent à l’élaboration des politiques qui les concernent directement. On ne peut pas dire que les instances de démocratie participative ait pour l’instant connu des records de mobilisation, il ne s’agirait donc pas de dissuader davantage celles et ceux qui s’intéressent à leur quartier, autrement cette instance n’aurait plus de raison d’exister !
Cette tentation du repli sur soi, de la fermeture, n’est pas à la hauteur des enjeux démocratiques, à un moment où il nous appartient de renforcer l’intérêt des citoyennes et citoyens pour la chose publique ; et leur implication dans l’élaboration des politiques publiques locales. L’opacité des échanges tenus lors des conseils de quartier n’est aucunement un gage de qualité de ceux-ci, mais plutôt un risque que la défiance déjà grande envers les institutions publiques ne se renforce.
Pour ne rien arranger, les raisons invoquées pour justifier cette fermeture ne sont pas satisfaisante : risques liés à l’épidémie de Covid, manque de salles suffisamment grandes, pas assez de personnel pour encadrer le public… Il s’agit là d’excuses pour légitimer une décision déjà prise, il n’y a pas d’éléments objectifs et partagés qui motivent cette fermeture.
C’est pour ces raisons que nous proposons deux amendements au règlement intérieur présenté ce soir. Nous proposons de reconsidérer cette décision qui n’émane pas des groupes de travail, et de redire – parce que ça va mieux en le disant – que la logique de co-construction des politiques municipales avec les conseillères et conseillers de quartier soit rappelée comme fondement de cette instance. Vous voyez : nous avons amendé a minima le texte, dans l’espoir que vous le voterez. Je veux le dire avec conviction ce soir, devant vous, nous devons être à la hauteur de cet enjeu démocratique crucial ! D’autres villes socialistes proposent des modalités bien plus ambitieuses quand il s’agit de fonctionnement ou de composition des conseils de quartier, c’est le cas de Montpellier, Nantes, Paris… Aurions-nous peur de la démocratie participative à Lille ?
Je vous remercie pour votre attention.