Madame la maire, cher.es collègues,
Comme mon collègue Maël Guiziou l’avait déjà souligné lors du débat sur le ROB, difficile d’élaborer un budget municipal en ces temps d’incertitudes. Incertitudes sur l’inflation qui pèse sur les finances des collectivités encore plus que sur les ménages car le gouvernement n’a pas étendu le bouclier tarifaire aux services publics. Incertitudes sur la masse salariale car face à cette inflation, il serait souhaitable que le point d’indice et donc le salaire des fonctionnaires soit clairement revalorisé. Incertitudes enfin sur les taux du crédit qui n’impactent pas autant nos crédits passés (un tiers seulement étant à taux variables) que nos crédits futurs. Difficile aussi quand l’État rogne l’autonomie des collectivités en remplaçant des recettes fiscales importantes par des dotations qui ne suivent pas leur dynamisme. Face à ces difficultés, je tiens à remercier les services et la majorité pour la clarté et l’honnêteté des documents budgétaires transmis. Je regrette toutefois que vous continuiez à refuser de nous transmettre l’intégralité de votre plan pluriannuel d’investissement, ce qui n’aide pas à y voir clair sur la trajectoire que vous nous promettez de suivre.
En effet, lors du débat sur le ROB, mon collègue Maël Guiziou vous avait exhorté à privilégier les investissements qui permettent d’accélérer la transition énergétique et d’économiser des dépenses de fonctionnement, et à éviter ceux gourmands en énergie comme la future piscine non couverte de Saint-Sauveur. Dans ce budget fortement contraint, vous nous proposez d’accélérer les investissements en recourant massivement au crédit, quitte à dégrader raisonnablement la situation financière de la ville. Dommage que vous n’ayez pas été capables d’investir davantage dans la première partie de mandat. Vous vous êtes montrés fourmis pendant l’été, en désendettant la ville quand les taux étaient au plus bas. Vous voilà contraints de devenir cigales l’hiver, quand les taux ne cessent d’augmenter.
Cependant, nous devons vous faire crédit de votre volontarisme, en constatant que presque la moitié des investissements projetés concernent la transition écologique, avec 27,8 % dans le poste « PERFORMANCE ENERGETIQUE ET RENOVATION ENVIRONNEMENTALE» et 22,1 % dans le poste « METAMORPHOSE PAYSAGERE ET URBAINE ». Cela se reflète dans l’analyse climatique du budget puisque 43 % des investissements seraient favorables à l’atténuation du réchauffement climatique, et 7 autres % favorables à l’adaptation au changement climatique. Encore faut-il que vous soyez réellement en capacité de mener à bien ces investissements. En effet, de budget en compte administratifs, nous voyons les réalisations se décaler dans le temps. Par exemple, pour 2021, on nous promettait que le poste « PERFORMANCE ENERGETIQUE ET RENOVATION ENVIRONNEMENTALE » deviendrait le premier poste d’investissement avec 17 millions €. Il a fini quatrième avec moins de 9 millions. Il ne faudrait pas que le budget 2023 soit ainsi un budget d’affichage. Nous serons particulièrement attentifs aux comptes administratifs 2022 et 2023.
Nous constatons tout de même que vous maintenez des investissements non essentiels et contraires à vos objectifs climatiques, comme par exemple les caméras de surveillances, ce qui impacte négativement le budget climatique.
Mais ce qui nous ennuie le plus dans ce budget, c’est au chapitre « Fonctionnement », le gel des subventions aux associations.
En effet, la situation des associations est critique. L’inflation pèse sur elles très fortement. Pourtant, comme nous le voyons pour la plupart des subventions votées lors de conseil, la Ville de Lille reconduit ses subventions à l’euro près par rapport à l’an passé, ce qui constitue de fait une baisse des subventions en euros constants. Vous nous avez répondu en commission que vous n’avez reçu aucune alerte à ce sujet de la part d’associations, ce que vous expliquez par le fait qu’elles sont hébergées à titre gracieux par la Ville et donc ne payent pas les fluides, et que donc l’inflation aurait moins d’influences sur elles. Ce n’est pas le cas de toutes les associations. Nous sommes preneurs de la liste de ces associations qui sont privilégiées par rapport aux autres. De plus, l’inflation n’a pas eu d’influence que sur les prix de l’énergie, les fournitures, la nourriture, et plus généralement les produits manufacturés ont subi une forte augmentation. Une association de distribution alimentaire pour les étudiantes et étudiants par exemple payera ses denrées plus cher qu’elle ne le faisait l’année passée. Et que dire de la masse salariale ? Êtes-vous en train de dire aux associations employeuses qu’elles ne doivent pas augmenter leurs salariés et laisser ainsi se dégrader leur pouvoir d’achat ? Nous souhaitons donc que la ville accompagne véritablement toutes les associations vis à vis de l’inflation, sans attendre qu’elles crient famine, car la bise est bien venue, et nous y seront attentifs aux prochains conseils ainsi qu’au budget supplémentaire.
Avec quel argent nous répondra la fourmi ? C’est pour cela que nous nous demandons pourquoi vous n’avez pas décidé de majorer la taxe d’habitation sur les résidences secondaires ? Vous nous avez dit en commission que nous n’avons plus la main sur la taxe d’habitation, mais nous la conservons sur la THRS qui vous rapportera plus de 5 millions d’euros à en croire le budget que vous nous avez présenté. Hors la ville avait la possibilité de majorer cette THRS, ce qui aurait permis d’apporter les marges de manœuvre, par exemple, pour donner de l’air aux associations, qui sont un pivot essentiel de notre politique sociale et environnementale. D’autres grandes villes y ont eu recours, comme Paris, Marseille, Lyon, Bordeaux, ou encore Nantes. Vous pouviez la majorer de 5 à 60 %, et vous avez fait le choix de ne pas y recourir. Pourquoi ? Oui, je sais, vous vous êtes engagée – peut-être imprudemment, l’avenir nous le dira – à ne pas augmenter les impôts. Cependant tous les impôts ne se valent pas, et celui-ci comporte une dimension sociale forte dans la mesure où il n’impacte principalement qu’une minorité aisée. Selon l’INSEE, les résidences secondaires représentent plus de 4000 logements à Lille, et leur part dans le nombre total de logements ne cesse d’augmenter pesant ainsi sur la demande de logement des Lilloises et des Lillois. Cette majoration aurait été une mesure de justice sociale. « Pas de transition écologique sans justice sociale », c’est votre slogan d’habitude. A trop faire la fourmi, vous risquez de caler sur les deux. C’est pour cela que nous voterons contre ce budget et que nous nous abstiendrons sur son volet fiscal (délibération 23/2 portée par Mme Linkenheld). En cohérence nous voterons contre les délibérations 23/100 et 23/101 BP de Hellemmes et Lomme et voterons comme les années précédentes les délibérations techniques 23/102 et 23/104 (restaurant et pompes funèbres).
Je vous remercie.