Unités mobiles de soin : Frédéric Louchart salue cette subvention et rappelle le voeu de Lille Verte

Chers collègues,

Cette délibération, franchement, qui pourrait être contre ? Lille fait ce soir le choix de
participer au financement de cette unité mobile de soin, destinée aux plus précaires
d’entre nous.

D’autres préfèrent démanteler les systèmes de soin. Mais pour la philosophe Cynthia
Fleury, « le soin est un humanisme […] sans soin, la société n’est rien ». Pourtant, l’accès
aux soins reste difficile pour beaucoup, avec tout ce que cela implique en termes de
durée et de qualité de la vie.

En France, 13 années de vie en bonne santé séparent ainsi les 5% les plus riches et les 5
% les plus pauvres. Les plus violemment touchés ne possèdent pas de toit ou de titre de
séjour. Ils sont les plus exposés à tous les risques sanitaires. La France est ainsi le plus
inégalitaire des pays d’Europe de l’Ouest ; la zone la plus riche du monde.

Évidemment, un gouvernement qui compte 19 millionnaires n’est pas gêné de culpabiliser
les pauvres. Les comptes parodiques et les bourdes se sont multipliés pour conseiller
aux SDF « de ne pas sortir de chez eux par grand froid », ou de mettre un pull à col roulé
en cas de « sobriété sanitaire subie ».

On pourrait en rire si le sujet n’était pas si grave, et si la réalité de dépassait pas le Gorafi
par moments.

Plus sérieusement, dans sa leçon inaugurale au CdF intitulée « L’inégalité des vies »,
Didier Fassin rappelle que les vies ont un prix, qu’aucune vie n’est inutile, et qu’on mesure
la dignité d’une société au soin qu’elle prodigue aux plus fragiles. Or, les indicateurs
d’inégalité de santé ont doublé.

Aussi, nous nous félicitons d’appartenir à un groupe qui avait proposé des unités mobiles
polyvalentes lors du CM du mois de juin. Nous sommes heureux que ce voeu porté par ma
collègue Joe Dabit ait été adopté par cette assemblée. L’objet de notre voeu était d’offrir
à des personnes privées d’accès aux soins une prise en charge qu’elles ne peuvent avoir
autrement. Il était donc question d’un déplacement du monde médical vers ces publics
cibles.

On peut toutefois se demander pourquoi l’hôpital public n’est pas en mesure de financer
l’intégralité du projet. Dans le même ordre d’idée, nous déplorons le fait qu’aucun
médecin ne soit présent.e lors de ces maraudes, quand c’était pourtant l’objet de notre
voeu. L’intervention des associations doit être couplée à celle du personnel médical si on
veut soigner. Pourquoi un tel manque de moyens publics pour la santé par manque de
médecins ?

La ville ne les forme pas, et on ne peut pas tout demander aux jeunes internes. Mais on
peut rendre ces missions attractives.

Heureusement qu’il y a les bénévoles, dont on salue le dévouement lors des maraudes,
mais ils ne peuvent pas tout faire, ce qui prive les publics démunis de suivi, s’ils se font
simplement réorienter vers un système dans lequel ils ne vont pas. C’est pourquoi nous
demandons que les moyens alloués à cette politique soient plus importants.
On peut aussi espérer, puisque cela faisait partie du voeu voté ici-même, une
coordination avec les CAARUUD de Lille, et une association avec le réseau santé
solidarité Lille et la commission addiction. Nous souhaiterions également que cette unité
mobile puisse assurer les soins de 1er recours auprès des réfugiés, notamment à St
Sauveur.

Malheureusement, ces unités mobiles n’ont pas vocation à se rendre dans les lieux
informels. Ce sont pourtant des endroits où se rassemblent les usagers de crack ou
d’héroïne, et qui concentrent plus généralement de nombreuses problématiques de
santé, où la virologie est plus intense. On peut s’interroger quant à l’efficacité d’un tel
dispositif – qui évite ces terrains difficiles, ce que nous regrettons. L’adaptation des
politiques publiques à ces priorités est un enjeu crucial de l’action municipale.
Nous souhaitons également exprimer une crainte : celle que ce projet ne fasse
disparaître notre voeu du mois de juin, alors qu’il n’apporte pas tous les éléments auxquels
nous tenions, vous l’avez compris, et vous l’aviez voté.

Merci.