Madame le Maire
Cette subvention est tout à fait intéressante. Je serai direct nous voterons donc pour cette délibération.
En revanche, si j’ai décidé de prendre la parole, c’est pour faire entendre la voix de celles et ceux qui – comme l’association du jardin des Passereaux – se sont vu.es confié il y a quelques années une mission de développement d’un jardin public et de diffusion de savoirs et connaissances autour des pratiques de nature en ville.
En effet, nous sommes le vendredi 9 décembre, et cette semaine, l’association les Saprophytes a quitté le jardin-ressource de Fives où elle a développé un modèle innovant de nature en ville pendant 8 ans.
C’est bien de cette association dont je veux parler et du sort qui lui a été injustement réservé. Ce sujet n’est pas nouveau, Madame le Maire, nous sommes déjà intervenus à ce sujet l’année passée, et c’est pourquoi j’anticipe déjà votre réaction. Je sais que vous allez me répondre que cette association bénéficiait d’une occupation transitoire et qu’ainsi la fin de cette expérimentation était connue d’avance. Vous auriez tout à fait raison de le dire, d’ailleurs nous ne le remettons pas en cause.
Pourtant, considérer que puisqu’un projet a une fin anticipée, il n’est nul besoin d’accompagner les acteurs de ce projet dans son issue – ou (je dirais plutôt ET) de tirer avec eux les enseignements de leur action – c’est se tromper lourdement.
C’est donc ici avant tout de méthode qu’il s’agit.
Oui, vous étiez en droit de mettre un terme à cette expérimentation, et pourtant non, vous n’étiez pas en droit de le faire ainsi.
Vous agissez là comme s’il s’agissait d’une prestation, et non d’une convention. Un bilan collectif et un dialogue avec les membres de l’association sur la potentielle délocalisation du jardin aurait été plus qu’opportun, voire même indispensable. Ce manque de dialogue et le silence de la majorité sur cette question sont assourdissants, tout comme l’absence de réponse aux interpellations de l’association, de nos sollicitations.
Les Saprophytes demandait une rencontre depuis près de deux ans ! Il n’ont réussi à rencontrer la Ville qu’à une semaine de leur départ du jardin-ressource. Comment ne pas se sentir méprisé par un tel traitement ?
Plus tôt j’employais le terme de convention transitoire. Selon vous il s’agit plutôt d’une convention précaire. Une différence sémantique majeure.
Le problème du jardin ressource serait en fait l’implication trop grande de l’association dans ce projet.
Un tel attachement serait déplacé dans un cadre d’occupation transitoire comme celui-ci. C’est de liens humains dont il s’agit. C’est justement ainsi que se forment les projets, en s’y attachant.
L’absence totale d’implication de l’association dans les décisions qui la concerne est criante.
Alors que le départ est justifié par le projet d’école-jardin Lakanal, l’expertise d’usage des Saprophytes, présents depuis 8 ans, est littéralement annihilé.
Nous déplorons fortement cette façon de se dessaisir de ses responsabilités qui n’est pas à la hauteur des devoirs d’une Ville vis-à-vis de ses habitantes et habitants. Quelques soient nos différences avec les positions de chacune et chacun, nous appelons au dialogue, seul moyen de produire des décisions acceptables et acceptées.
Nous opposons à cette politique de concertation arbitraire, très pyramidale, une vision plus juste de co-construction des politiques publiques municipales qui est la pierre angulaire de l’action publique locale.
Il faut le rappeler haut et fort, la Ville, c’est l’affaire de tous ! C’est dans cette direction que se tournent aujourd’hui les grandes villes dont Lille devrait faire partie.
En l’absence de prise en compte de l’urgence absolue d’une telle remise en question, nous souhaitons bonne chance à l’association du jardin des Passereaux, pour aujourd’hui, mais surtout pour demain.
Je vous remercie pour votre attention.