Madame le Maire,
A la lecture de cette délibération, et surtout de ses annexes, nous avons constaté que l’augmentation des tarifs des services municipaux est limitée (environ +1,5 % en moyenne). C’est nettement inférieur à l’inflation. Nous saluons cet effort. Vous avez accepté un vote différencié, je vous en remercie. Hormis le volet tarification du stationnement payant, nous voterons donc la délibération.
Venons en au volet stationnement.
Le stationnement payant s’invite une seconde fois en deux Conseils municipaux. Lors du conseil d’octobre, à notre regret le volet tarification était resté en jachère. Ce soir les seuils permettant aux lillois, lilloises de se positionner sur les niveaux de tarifs résidents solidaires sont ainsi noyés dans les annexes d’une délibération de plusieurs centaines de pages.
Sur le fond, la place de la voiture dans notre ville doit diminuer, c’est pourquoi nous avions voté pour cette délibération au précédent Conseil.
Mais sur la mise en œuvre proposée, il y a des remarques à faire. En octobre, nous avions proposé un amendement visant à réduire le premier niveau du tarif résident solidaire de dix à un euro. En effet, le coût que va représenter cette dépense pour les personnes les plus modestes n’est pas négligeable, quoi que vous puissiez en dire. Dix euros par mois. 120 € par an, ce n’est pas un vrai tarif solidaire ! C’est le sens de notre nouvel amendement.
Ce soir, nous proposons de créer un premier niveau à seulement un euro pour les personnes considérées par l’Insee comme au seuil de pauvreté.
Le but de la mise en place du stationnement payant ne devrait pas être de créer des recettes publiques, mais il faut le répéter, mais de réduire la place de la voiture dans notre ville.
Le but de la mise en place du stationnement payant ne devrait pas être de pénaliser financièrement les lillois et lilloises, en premier lieu les plus précaires, mais il faut le répéter, inciter à des changements de mobilité.
La solidarité implique un rééquilibrage des situations différentes dans lesquelles vivent les membres d’une société. Mettre dans la même tranche une personne au RSA et une personne qui touche jusqu’à 1700 euros par mois, ce n’est pas de la solidarité. L’écologie sans les écologistes, voilà où réside l’écologie punitive. et nous en avons l’illustration ce soir.
Précaires mais pas que !
Les familles nombreuses sont aussi pénalisées avec la grille proposée.
Pourquoi ? le calcul des niveaux de tarifs solidaires proposé se fait sur la base du revenu fiscal de référence et prend en compte un nombre de situation limité, ne dépassant pas les deux enfants par foyer. Un calcul sur la base du quotient familial aurait été plus juste pour les familles nombreuses dont on est plus tenté.es d’excuser le recours à la voiture.
Le souci de justice sociale, c’est donc la première façon de mettre en place cette mesure qui nous différencie.
Sur la méthode. De nombreux collectifs se sont formés en réaction à cette décision non concertée et apprise par voie de presse, comme cela a été notre cas d’ailleurs. Il est difficile de leur jeter la pierre quand aucune explication ne leur a été donnée, quand aucune information ne leur a été fournie.
La méthode, la seconde façon de mettre en place cette mesure qui nous différencie.
Cette mise en œuvre est tellement peu concertée que, à la lecture de cette délibération et après les explications qui nous ont été fournies en commission, on comprend que la Ville a cessé d’anticiper les différents cas de figure auxquels cette mesure s’applique, et de laisser libre cours à Madame le Maire, par voie d’arrêté, pour modifier sans cesse les contours de cette délibération.
Pour illustration. Les professionnels de santé sont à ce jour les seuls à bénéficier d’un tarif professionnel.
Ce devrait être le cas d’autres professions.
Lesquelles ? Quand ? Premiers concernés comme élus, nous le découvrirons plus tard. Nous le découvrirons plus tard comme nous n’avons appris les seuils des différents niveaux que la semaine dernière, alors que la délibération à laquelle ils se rattachent est passée au mois de septembre… Pourquoi donc ne pas attendre de disposer de tous les éléments avant de proposer une délibération, plutôt que de voter un texte incomplet en remettant des questions centrales à plus tard ? On ne peut donc que s’inquiéter pour les entreprises qui disposent de voitures et qui à ce jour ne savent toujours pas si elles pourront bénéficier du tarif résident pour leur véhicule ou pas.
Vous l’aurez compris, nous voterons contre le volet de cette délibération si notre amendement est rejeté. quand bien même nous sommes ravi.es de constater que vous avez intégré notre précédent amendement sur l’impossibilité de cumuler 2 tarifs résidents solidaires par foyer, alors que vous aviez pourtant voté contre en octobre…
Je vous remercie pour votre attention.