Rapport égalité femmes/hommes : Stéphanie Bocquet commente ce rapport trop fataliste

Madame le Maire, cher.es collègues, mesdames, messieurs,

« En réunissant les informations disponibles aux niveaux local et national sur la situation
des femmes, on s’aperçoit de l’importance et de la persistance des disparités entre les
femmes et les hommes dans de nombreux domaines. »
Voici les premières lignes de ce nouveau rapport égalité femmes – hommes. Un nouveau
rapport, mais une réalité invariable.

Depuis combien de temps lisons-nous les mêmes résultats ?
Depuis combien de temps faisons-nous les mêmes constats ?
Depuis combien de temps demandons-nous du changement ?
Le piège serait de tomber dans une forme de fatalité.

Ainsi, entre 80 et 90% du personnel dans les filières administrative et médico-sociale
sont des femmes. Elles sont seulement 25% au sein de la police municipale.
Pas étonnant, allez-vous me répondre.
Les femmes représentent 85% du personnel en temps-partiel. Dans la filière sportive,
elles sont seulement 18 pour 55 hommes, et aucun changement constaté par rapport à
l’an dernier.
Eh bien oui, vous vous dites que c’est comme ça, et que ça l’a toujours été. Mais cela
doit-il le rester pour autant ?

5 000€, c’est l’écart salarial annuel entre une employée contractuelle et son homologue
masculin.
Toutes catégories confondues, les hommes ont davantage de primes que les femmes. Et
le pire dans tout cela est que la filière administrative qui, comme je vous l’ai dit, compte
une très large majorité de femmes, est aussi celle où l’écart salarial entre femmes et
hommes est le plus grand. Mais bon, sans doute allez-vous répondre que c’est comme
ça partout.

Et bien non : refusons cette fatalité.
Refusons ces conclusions toutes faites.
Refusons ces discours copiés-collés.

Car ces inégalités sont le terreau des violences sexistes et sexuelles.
Ainsi, sur 32 cas d’actes de violences envers le personnel, 23 concernaient des femmes.
Donnons-nous une ambition partagée sur notre territoire d’ici à 2026, avec la mise en
place, par la ville de Lille, d’un plan global de lutte contre les violences sexistes et
sexuelles, en coordination avec la Préfecture, la Métropole Européenne de Lille, le
Département du Nord et bien-sûr, les associations mobilisées.


C’est tout un écosystème que nous devons construire, qui va de l’accueil 24h/24h par
des professionnels formés dans les commissariats de Lille, à la formation de l’ensemble
des acteurs concernés, en passant par l’accroissement des moyens des associations et
pour la lutte contre les stéréotypes de genre.
Et surtout, en insistant encore et toujours pour mettre réellement en place les trois
séances annuelles d’éducation à la vie sexuelle et affective dans les écoles primaires, les
collèges et lycées voulues par la loi depuis 2001.
Ne nous habituons pas à ces inégalités et à cette violence à jamais inacceptables.

C’est pourquoi, Madame le Maire, nous avons regretté le refus par la ville de Lille de
mettre les drapeaux en berne le 25 novembre dernier, jour de la lutte contre les violences
faites aux femmes.
Nous souhaitions que la maison commune rende hommage aux 121, aujourd’hui 12,
femmes tuées sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint en 2022.
Paris l’a fait : nous aurions souhaité que Lille prenne part à cet hommage.
Madame le Maire,
Nous réitérons cette proposition et demandons la mise en berne des drapeaux
accompagnant une cérémonie officielle de la ville de Lille en mémoire des victimes des
féminicides et ce, chaque année : c’est la proposition du groupe Lille Verte.
Nous devons prendre plus que jamais la mesure du chemin que nous avons à parcourir,
sans nous faire ralentir par la fatalité.

Donnons-nous des ambitions fortes dans notre ville de Lille.
Répondons, portons et propageons les voix de toutes ces femmes qui ne font que
revendiquer l’égalité, qui n’est rien de moins que l’un des trois piliers de notre
démocratie.

Je vous remercie.