Question orale de Maroin Al Dandachi : Coupe du monde au Qatar, quelle position de la Ville sur ce désastre humain et écologique ?

Madame le Maire,

Du 20 novembre au 18 décembre 2022, se tiendra la Coupe du monde de football au Qatar.

Cette coupe du monde, au-delà des considérations sportives, interroge notre rapport aux droits humains. 6500 migrants seraient morts dans la construction de sept stades révélait en 2021 Le Guardian. Combien sont morts depuis ? Et quel bilan humain officiel pouvons-nous attendre d’un pays comme le Qatar ? Les observateurs politiques comme sportifs n’hésitent pas à parler d’esclavage moderne, esclavage que nous devons dénoncer, et surtout ne pas soutenir. Quand bien même certains et certaines d’entre nous peuvent aimer ce genre de compétitions, à quel prix sommes-nous prêt.e.s à les voir se dérouler dans ces conditions ? Cette coupe du monde obscène est un cimetière.

C’est donc bien de valeurs qu’il s’agit. Les autorités qataris essayent comme elles peuvent de rassurer les inquiétudes légitimes de la communauté LGBTQIA+ vis-à-vis des répressions que pourraient subir celles et ceux de ses membres qui décideraient de se rendre dans ce pays pour la Coupe du monde. Ne nous trompons pas, ce discours n’est qu’une façade qui ne survivra pas à la fin de la focalisation de la communauté internationale sur les agissements de ce pays. Les rapports homosexuels sont et resteront passibles de sept ans de prison au Qatar, et potentiellement de peine de mort pour les musulman.e.s.

C’est toujours de valeurs qu’il s’agit quand les autorités sportives ont décidé d’organiser cette compétition dans un pays où les femmes sont sous la tutelle d’hommes qui peuvent décider de si elles ont le droit de se marier, de voyager à l’étranger, de travailler dans tel secteur de la fonction publique… Et ce sont également ces tuteurs qui restent les principaux détenteurs de l’autorité parentale sur les enfants, même si les parents ont divorcé.

Le sport a pourtant un rôle de diffuseur de valeurs comme le respect, l’entraide, la solidarité, l’échange… Ce sont des valeurs humanistes que nous voulons inculquer à nos enfants, celles-là même que le Qatar bafoue. Les instances du sport ne peuvent plus détourner leur regard, elles doivent assumer leurs responsabilités politiques et géopolitiques.

Elles ne peuvent pas non plus être aveugles aux questions climatiques qui nous concernent toutes et tous. Les grands évènements sportifs internationaux sont loin d’être les meilleurs élèves en matière d’intégration de l’urgence climatique dans leurs organisations. Avec cette coupe du monde, nous atteignons un niveau tragique d’aberrations environnementales.

Pays symbole de l’inaction climatique et d’une société de consommation vertigineuse, illustrées par des villes construites au milieu du désert, le Qatar est le pays qui rejette le plus de CO2 par habitant. Et cette coupe du monde n’échappe pas à ce constat : les plusieurs stades qui seront dotés d’un gazon cultivé en plein désert et climatisés à ciel ouvert en sont un triste exemple.

Face à ces problématiques, certaines villes en France ont pris position ces dernières semaines. Strasbourg a annoncé ne pas retransmettre les matchs sur écrans géants. Le Maire de Bourg en Bresse s’est exprimé par voie de presse, appelant à un mouvement citoyen face à cette ineptie démesurée.

C’est pourquoi, Madame le Maire, nous vous demandons ce soir quelle est la position officielle de la Ville de Lille, qui a accueilli régulièrement des événements sportifs d’envergure, sur cette coupe du monde ? Avez-vous prévu d’interpeller la MEL au prochain conseil métropolitain à ce sujet ?