Question orale de Frédéric Louchart : quel avenir pour les dark stores ?

Madame le Maire,

Nous avons déjà déposé un vœu cette année au sujet des dark stores, dark kitchen et drive piétons, et les interrogations que nous avions alors sont malheureusement toujours d’actualité.

Ces nouveaux modes de consommation sont toujours aussi problématiques qu’ils ne l’étaient hier. Ils continuent de précariser les livreurs ubérisés, qui travaillent sans bénéficier de la protection d’un contrat de travail – malgré certaines annonces de contrats « en bonne et due forme », le recours aux auto-entrepreneurs se massifie. La concurrence déloyale des grandes plateformes continue de mettre à mal le commerce de proximité, dont certains de nos quartiers manquent cruellement et dont l’accès se complexifie dans le centre-ville en raison du coût des loyers. Enfin, l’absence de prise en compte de l’urgence de s’emparer de l’explosion de la livraison de colis qui continue de nuire à notre environnement.

Plusieurs municipalités ont pris des mesures contre ces commerces prédateurs, actant par exemple pour la municipalité de Lyon qu’il était impossible de vivre dans une « ville entrepôt », et intégrant donc cette question dans son Plan local d’urbanisme afin de réguler localement le commerce. La Ville de Paris a également fait ce choix. Nous plaidions dans notre vœu présenté au conseil municipal de février dernier, pour une régulation par l’intermédiaire des outils d’urbanisme comme le PLU, ce que le vœu de votre majorité n’avait pas retenu.

Depuis notre dernier vœu, cependant, une chose a enfin changé, bien tardivement alors que dans les grandes villes, ce sont par dizaines que l’on compte ces façades aveugles : l’Etat semble s’être décidé à traiter cette question et dissiper le flou juridique autour de ces enseignes. Un projet d’arrêté a été dévoilé, au sein duquel la notion d’entrepôt apparaît enfin comme qualificatif des dark stores, dark kitchens et drive piétons non-rattachés à des surfaces de commerce accueillant de la clientèle. Arrêté où le pouvoir est conféré aux maires pour réguler ces implantations dans leur PLU.

Madame le Maire, maintenant que l’Etat, que vous disiez seul capable de réguler cette question, semble se saisir de cet enjeu, la Ville de Lille exigera-t-elle la fermeture des dark stores, dark kitchen et drive piétons présentes sur des parcelles dont le règlement de zonage n’autorise pas l’installation d’entrepôts, si cet arrêté est effectivement pris en l’état ?

Sur le moyen-terme, quelles sont les pistes à l’étude pour requalifier et encadrer ces lieux dans le futur Plan local d’urbanisme ?