Pour Stéphane Baly : Le stationnement payant doit être véritablement solidaire pour être accepté !

Madame la Maire, mes cher.e.s collègues,

Avant de rentrer plus en détails sur les modalités de cette mesure, permettez-moi un mot sur le contexte dans lequel cette décision intervient. Car oui, les conditions dans lesquelles s’inscrivent un projet sont autant importantes que son esprit. Les réflexions autour du stationnement ont débuté lors de votre premier mandat de 2001 avec Marc Santré. Depuis deux quartiers on été concernés par une expérimentation du stationnement payant, et encore, tout le quartier de Bois-Blancs n’a pas été concerné. Nous regrettons que cette délibération, n’arrive que maintenant, dans un contexte de baisse du pouvoir d’achat. Disons le une extension du stationnement payant incluant une tarification sociale pour les résidents était dans le programme de Lille verte.

Le stationnement devenant payant pour tous les véhicules, la création de cette tarification résidentielle est une bonne chose puisqu’elle va permettre aux résidentes et résidents de bénéficier d’un abattement tout à fait indispensable, il serait impensable d’être soumis aux mêmes tarifs que les non-résident.e.s quand on se gare quotidiennement devant chez soi.

C’est pourquoi nous demandons à ce que d’autres éléments viennent compléter et amender cette délibération. Tout d’abord nous souhaitons que la solidarité que vous introduisez soit plus encore solidaire. Les politiques en faveur de la transition écologique ne doivent pas être mises en œuvre contre les lilloises et lillois . Ainsi, et c’est le sens de notre premier amendement nous demandons à ce que la première tranche du tarif solidaire soit abaissé à de 10 à 1 euro par mois. Le réel objectif de cette mesure est de dissuader celles et ceux qui voudraient utiliser leur voiture, pas de créer des recettes publiques.

Ensuite, cette solidarité doit bien évidemment prendre en compte les moyens de toutes et tous, mais aussi leur contribution inégale au dérèglement climatique qui précipite l’urgence de cette décision. Les tarifs de stationnement doivent prendre en compte le poids du véhicule qui se gare, seul moyen d’établir de la solidarité et de dissuader efficacement l’achat de véhicules ultra polluants pour un usage urbain. On conviendra tous que les propriétaires de SUV doivent contribuer plus que le propriétaire d’une petite voiture citadine. Notre second amendement permet de concilier écologie et solidarité. Nous proposons de reprendre la proposition de la convention citoyenne pour le climat en supprimant l’abattement pour les véhicules pesant de plus de 1400 kg.

Pour prendre en compte qu’à Lille, un foyer sur deux ne possède déjà pas de véhicule, nous proposons par un troisième amendement que le tarif solidaire soit plafonné à un seul véhicule par foyer fiscal. A celles et ceux qui nous dirons que cette mesure est punitive, nous vous répondons qu’avec des tarifs solidaires à un euro, le prix du stationnement pour deux voitures reviendrait ainsi à 26 euros, ce qui revient donc aux tarifs que vous proposez actuellement. .

Partager l’espace public de l’emprise de la voiture, ne peut se résumer à l’extension du stationnement payant à plusieurs quartiers. Conjointement, la question du respect de l’espace public se pose.

Aujourd’hui, la loi interdit de verbaliser des véhicules en dehors des aires de stationnement via la lecture automatique des plaques. Les véhicules garés sur un trottoir, un passage piéton ne sont pas concernés. Nous demandons donc à ce que des moyens humains supplémentaires soient attribués aux interpellations pour ce type d’infractions. Il en va de la reconquête de l’espace public !

Afin que cette mesure se mette correctement en place, nous demandons également à ce qu’une évaluation sur le déploiement de ce dispositif progressif soit faite. Ce n’est qu’en nous penchant sur les résultats de ce dispositif dans les quartiers de Vauban-Esquermes et Wazemmes où il sera instauré en premier que nous pourrons veiller à ne pas reproduire certains écueils qui peuvent être évités. A ce titre, nous soutenons la création d’un Observatoire permanent des mobilités et du stationnement.

Enfin, l’application de cette mesure ne sera très certainement sans effet de report vers certains quartiers limitrophes des communes voisines de Lambersart ou Mons en Baroeul. Que dire de nos deux communes associées totalement exempts des réflexions ?

Pour terminer, j’aimerais pointer certains angles morts de cette délibération. Le plus important de tous : les critères qui composeront le barème de tarification solidaire ne nous sont pas communiqués pour l’instant et ne le seront pas avant décembre. Voter une délibération avant d’en connaître tous les tenants et les aboutissants est fortement problématique. Tout comme voter avant que les échéances soient toutes connues, nous ignorons encore dans quel ordre ce stationnement s’appliquera à Bois-Blancs, Fives, Moulins et Saint Maurice-Pellevoisin, le planning de mise en œuvre reste donc pour le moment flou.

Vous l’avez compris, beaucoup reste à faire pour que ce dispositif soit un succès et pleinement accepté par nos concitoyens automobilistes. Néanmoins son caractère nécessaire de reconquête de l’espace public nous amène à voter en faveur de cette délibération.

Nous espérons que vous saurez retenir les propositions que nous avons formulées. Les trois amendements soumis au vote visent à la mise en place d’une politique qui concilie pleinement justice sociale et urgence écologique.

Je vous remercie.