Plan de Mobilités : Tramway, déplacements à pied ou à vélo, pour Maël Guiziou, il faut être plus ambitieux !

« Madame la Maire, mes cher.e.s collègues,

Nous votons aujourd’hui un avis de la ville de Lille sur le plan de mobilité de la métropole. Nous avons déjà exprimé à la MEL toutes les limites de ce plan de mobilité, dont le peu d’ambition illustre une incompréhension des enjeux. Aucune rupture ne se dessine, alors que c’est indispensable pour permettre des reports de mobilité significatifs.

Concernant cet avis, nous partageons bien évidemment certains points, notamment en terme de parking relais, de logistique du dernier kilomètre, ou du besoin d’aménagement des points noirs listés dans la délibération. Cependant, plusieurs points nous interrogent :

Je ne reviendrai pas longuement sur le tracé du tramway, qui nous a largement occupé aux précédents conseils et ne permettra pas à notre avis (partagé par de nombreux lillois d’après l’enquête publique), de répondre aux besoins réels de mobilité.

Concernant les déplacements piétons, nous regrettons que cet avis n’intègre pas un plan de piétonisation. Les piétonisations temporaires menées dans le centre-ville ont été concluantes, il est grand temps de les généraliser à l’ensemble des quartiers lillois, de façon permanente, afin d’apaiser dans chaque quartier et de donner une place aux mobilités piétonnes sécurisées, à tout âge.

Concernant le partage de l’espace public, vous vous félicitez des 50/50, 50 % pour la voiture individuelle, 50 % pour les vélos et piétons. 50/50 c’est la répartition aujourd’hui à Paris dont la majorité municipale considère que ce n’est plus possible ». La moitié de l’espace public dédié à la voiture individuelle amène à des aménagements laissant une place trop importante à la voiture, comme dans le projet rue de Solférino, et donc n’incitant pas à un changement en terme de mobilité.

Concernant les tarifs de transport en commun, la gratuité progressive passe d’abord par un arrêt des hausses du prix du billet et des abonnements. Les dernières décision en ce sens sont regrettables, pourquoi ne pas l’avoir explicitement écrit ? La proposition d’extension de la gratuité aux seniors peut s’entendre si elle est vue dans une logique de progression vers la gratuité. Cependant, les jeunes de 18-25 ans sont un public au moins aussi prioritaire, étant entendu qu’ils n’ont pas le droit au RSA, que les jeunes actifs sont touchés par le chômage et que la pauvreté étudiante est dramatique, tout particulièrement dans ce contexte d’inflation.

Concernant le vélo, le bilan que vous dressez en matière de développement n’est pas aussi bon que vous le prétendez : une femme grièvement blessée la semaine dernière encore, les accidents sont nombreux et se soldent tragiquement. Vos incohérences persistent, l’introduction de bandes cyclables trop étroites en double-sens de circulation ne suffisent pas à déclarer une politique de transport en faveur des mobilités douces. De plus, l’objectif de déplacement à vélo est un peu petit bras : 16 % en 2035, c’est se fixer l’objectif d’atteindre la part modale de Grenoble ou Strasbourg en 2022 ! Est ce avec cet objectif que notre territoire atteindra la neutralité carbone au plus tard en 2040 ? Assurément non.

Il est possible d’accélérer très vite en terme de mobilité. C’est ce que démontre la ville et la métropole de Lyon, avec l’investissement dans des axes structurants cyclables, de la piétonisation et une politique ZFE ambitieuse. La majorité de la MEL, dont vous faites partie, n’a pas cette ambition et, faute d’aménagements suffisants, nous risquons de maintenir une dépendance à la voiture, coûteuse et néfaste pour la santé et l’environnement.

A la lecture de cet avis, nous ne sommes pas convaincu.e.s que cette accélération aura lieu, même si cet avis était complètement pris en compte par le MEL, ce dont nous doutons. Nous nous abstiendrons donc. »