Lille Ville amie des enfants : Pour Mélissa Camara, le droit à l’éducation des enfants Roms est menacé

Madame le Maire, chers collègues,

Depuis ce mois de septembre, la ville de Lille a obtenu le titre « ville amie des enfants » en partenariat avec l’UNICEF. Par ce partenariat, la ville de Lille s’engage à respecter 5 engagements. L’un d’entre eux enjoint la ville à je cite «  affirmer sa volonté de lutter contre l’exclusion, contre toute forme de discrimination et d’agir en faveur de l’équité ». Déjà l’année dernière, j’intervenais lors de la présentation de ce partenariat, rappelant que dans notre ville, des centaines d’enfants vivent au sein de camps et bidonvilles dans des conditions inhumaines.

Or, la situation ne s’est pas améliorée depuis, loin de là ! Elle ne s’est pas améliorée en France : pour rappel, depuis le début de l’année le nombre d’enfants à la rue a augmenté de 86%. Ils étaient 890 en janvier, 1650 pour cette rentrée !

Elle ne s’est pas améliorée à Lille : depuis maintenant un an la préfecture a décidé de ne plus suivre l’instruction de 2018 sur le résorption des bidonvilles qui indique qu’il faut travailler à l’accompagnement des personnes vers la sortie, depuis maintenant un an nous assistons donc à des évacuations sèches, depuis maintenant un an des associations interpellent en vain la préfecture pour qu’un programme de résorption des bidonvilles soit mis en place dans la région. Cette orientation et ce mutisme de la part de la préfecture a des conséquences aberrantes. Pour rappel, une quarantaine de logements payés par l’État sont restés vides pendant que les familles qui devaient en bénéficier continuaient de vivre dans des conditions indignes. En juillet à Lille ce sont les familles des bidonvilles de la Poterne et de Pont-Royal qui ont subies ces expulsions sans solution de relogement satisfaisantes. Elles ont pu dormir trois petites nuits dans un hôtel avant de trouver refuge, dans des conditions encore plus précaires, dans d’autres squats, parkings et bidonvilles. Les enfants subissent de plein fouet cette situation, avec parfois une interruption de scolarité. Des enfants expulsés en juillet sont encore en attente d’une école, nous sommes le 30 septembre… Alors même que vous affirmez à travers le nouveau Projet Éducatif Global, que la Ville se mobilise pour faciliter la scolarisation des enfants roms et gens du voyage.

Comment se construire et tenter de déjouer les déterminismes dans ces conditions ? A Lille aujourd’hui, le droit à l’éducation de ces enfants est menacé par ces expulsions.

Pas plus tard que la semaine dernière, le tribunal administratif a autorisé l’expulsion de 3 familles Roms et d’une dizaine de personnes qui vivaient sur le secteur des Pyramides, à Vauban. Comment aller à l’école sereinement avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête ?

Nous avons appris dernièrement que la préfecture, décidait de fermer les deux derniers SAS roms de la métropole lilloise. Ce dispositif a pourtant permis à de nombreuses familles de se stabiliser, de trouver un travail et de permettre l’intégration scolaire.

Madame le maire, dans le cadre de ces expulsions, vous avez échangé avec le préfet. Dans un courrier du 7 juin vous proposez de déposer conjointement une ordonnance d’expulsion, celle-ci, je cite devant être exécutée dans « des conditions sociales acceptables pour les populations concernées ».

Nous vous demandons ce soir, d’intervenir d’urgence auprès du préfet pour que ces conditions acceptables soient réunies, de surseoir aux démantèlements sans solution dans notre ville, de permettre que le dialogue s’établisse de nouveau entre les personnes concernées, les associations et les acteurs publics.

Je vous remercie.