Le compte administratif 2021 n’est pas à la hauteur des enjeux climatiques et sociaux !

Madame la Maire,
Mes cher-es collègues,
Permettez moi d’abord, au nom du groupe Lille Verte, de souhaiter une bonne continuation à Akim Oural, ainsi que la bienvenue et tous nos voeux de réussite à Florent Dix-Neuf.
Nous examinons aujourd’hui le compte administratif de l’année 2021 qui relate l’exécution du budget 2021 : une année encore particulière, avec les 4 premiers mois d’abord soumis à un couvre-feu, suivi d’un troisième confinement. Avec les bars, les restaurants, les boites de nuits et l’ensemble des lieux culturels fermés.


Les conséquences d’une telle année sont importantes et se font encore ressentir à l’heure où je prononce ces mots. Une précarité et une inflation qui explose, des problématiques de santé mentale aggravées (ma collègue Joe Dabit en parlera à la fin de ce conseil), des liens sociaux affaiblis… cette année 2021, bien qu’elle marque les espoirs d’un apaisement durable de la crise sanitaire reste tout de même une année de profonde crise sociale.
Cette année 2021, c’est aussi la sortie du premier volume du 6ème rapport du GIEC, en août 2021.
Si en 2020, la pandémie a légèrement ralenti la progression des gaz à effet de serre, ce premier volume est sans appel :

premièrement, le climat est en train de changer partout dans le monde et plus rapidement que prévu.

deuxièmement, Les mesures pour limiter le réchauffement climatique à 1,5° doivent être mise en place avant 2035, sans quoi nous allons irrémédiablement vers +2, +3 degrès.

troisièmement, nous devons mettre en oeuvre des mesures d’adaptation dès à présent pour gérer les conséquences (canicules, inondations, …) qui sont déjà inéluctables.
Chaque demi-degré compte. Chaque tonne de Gaz à Effet de serre compte. Chaque arbre planté compte.
Face à la crise sociale et environnementale, les collectivités ont un rôle crucial à jouer, et c’est ce qui doit transparaître dans leurs finances. C’est par ce critère que nous jugerons donc du compte administratif, et du budget supplémentaire.
Paradoxalement, au sortir de cette crise l’ensemble des voyants financiers est au vert pour la ville : un résultat excédentaire supérieur à celui de 2019 avec des recettes de fonctionnement plus élevées que ce qui avait été budgétisé et des recettes d’investissements conséquentes qui montrent un véritable effort pour aller chercher des subventions. L’encours de la dette poursuit sa baisse. L’épargne nette augmente de 10M€, soit 1M€ de plus que ce que vous nous aviez annoncé lors du ROB 2022. Bref, la trajectoire de désendettement se poursuit. A quelques ajustements, prêt l’exécution du budget reflète bien la stratégie du budget primitif que vous nous aviez présenté en 2021, et si nous vous en donnons acte, nous le regrettons tout autant.
En effet, nous vous le répétons depuis le début du mandat : cette approche purement comptable des finances de la ville, ne vous exempte pas de faire preuve de plus de volontarisme politique. Face à la crise sociale et environnementale, les petits pas ne
suffiront pas. Et vous persistez dans la même erreur avec le budget supplémentaire que vous nous présentez.


Comment est-il possible, dans une période de profonde crise sociale et d’urgence climatique, de faire le choix de réaffecter 27,3M€ issu de votre excédent au remboursement de l’emprunt ?
Ce choix, Madame la Maire, ce n’est pas un choix pour le bien-être des Lilloises et Lillois. Ce choix est préjudiciables aux politiques que vous prétendez vouloir mettre en oeuvre.
Évoquons tout d’abord les ressources humaines. Nous vous réjouissons comme vous de l’augmentation du point d’indice, mais qui ne couvre même pas l’inflation actuelle. Vous avez dé-précarisé un certain nombre de postes et vous avez notre soutien là-dessus. Mais il ne s’agit pas de création nette de poste !
La seule création nette que vous mettez en avant, est celle des policiers municipaux. Il n’y a pas que dans le domaine de la sécurité qu’il y a besoin d’embauches. Nous avons besoin d’agentes et d’agents dans le domaine de la santé, de la médiation ou encore dans les mairies de quartier ou pour dynamiser notre démocratie participative. Nous avons aussi besoin, comme tout employeur, d’être attractifs, et la façon dont vous abordez la gestion des ressources humaines – Maël Guiziou évoquera tout à l’heure la question du télétravail – nous fait craindre que la ville le soit de moins en moins, tant vous ne prenez pas la mesure des nouvelles aspirations des salariés après cette période de Covid.


Évoquons ensuite l’action sociale directe de la ville. La bonne nouvelle, ce sont les sommes conséquentes affectées aux CCAS de Lille (XXXX M€) et d’Hellemmes (XXXX M€) dans ce budget supplémentaire, afin de soutenir l’action sociale indispensable de notre ville. Face à l’inflation, nous soutiendrons bien sûr les mesures de soutien aux lilloises et aux lillois que vous évoquez. Ce que l’on constate d’ailleurs quand même, au
travers de votre compte administratif, c’est que lorsque vous avez décidé d’avoir une certaine volonté politique, des choses peuvent être faites.
En témoigne, les 110K€ pour l’hébergement d’urgence et 221K€ pour l’accueil des personnes réfugiées. Quand ma collègue Stéphanie Bocquet demande en juin 2021 à Madame Brun, si vous pouvez rendre disponible des logements de fonctions vacants aux personnes sur la friche saint sauveur. Vous lui répondez catégoriquement que ce n’est pas possible. Nous étions quand même ravis d’apprendre à l’automne 2021, que l’ensemble des logements de fonctions vacants avait été affecté à l’accueil des familles afghanes. « Quand on veut, on peut ». Dommage que cette volonté soit sélective.
Évoquons donc le soutien des associations de notre ville, indispensables elles aussi à la réalisation de nos objectifs, tant sociaux qu’environnementaux. 27,3M€ consacrés au remboursement de l’emprunt, ce n’est pas le choix d’investir dans la vie associative de notre commune. Alors qu’elles sont essentielles pour pallier aux manques des pouvoirs publiques, vous indiquez garder un soutien constant aux partenaires associatifs. Madame le Maire, un soutien constant face aux besoins sociaux actuels et face à la remontée de l’inflation, c’est en fait une baisse.


Dans la pratique donc, vous baissez votre soutien aux associations, ma collègue Stéphanie Bocquet aura l’occasion de revenir sur ce sujet ce soir.
Évoquons enfin l’investissement. 27,3M€ consacrés au remboursement de l’emprunt, ce n’est pas non plus le choix d’investir plus amplement dans les mesures d’adaptation au changement climatique, ni celui d’anticiper les bouleversements actuels et à venir . Le compte administratif mentionne dans le rapport les enjeux d’inflation sur les fluides et denrées alimentaires – vous l’avez évoqué Mme la maire. Au-delà, l’actualité internationale et climatique devrait vous presser sur la rénovation thermique du bâti de la ville. Prenons le cas des écoles : Launay a été finalisée l’an dernier, vous avez acté l’an dernier les rénovations bas carbone des écoles Brossolettes et Salengro, qui se réinvitent de nouveau en conseil ce soir parce qu’il faut revoir le coût à la hausse, et le BP 2022 prévoit de nouveau 800K sur Kergomard (dont les travaux ont en fait démarré l’an passé) et 300K sur le restaurant Carrel à Moulin.
Quand on sait qu’il y a 79 écoles sur Lille, c’est trop peu, il faut massifier. Se saisir de cet excédent pour lancer la rénovation de deux écoles en 2022, voilà qui aurait été une décision politique ambitieuse de rénovation énergétique. ce sujet, Vous conseillez au lilloises et lillois de revoir leurs pratiques de mobilité. Encore faut-il des pistes cyclables sécurisées, des transports en commun qui permettent de se rendre en centre ville. Ce qui est punitif, c’est bien quand il n’y a pas d’écologie. Ce n’est qu’un exemple, je me permets de laisser évoquer l’ensemble à mon collègue Stéphane Baly sur le rapport de développement durable, mais aussi sur Qebecor à Hellemmes.


Ce qui est donc dommage, et je terminerai là dessus, c’est que la période de l’argent gratuit est terminée. Et ce n’est pas faute de vous avoir prévenu à maintes reprises, qu’il fallait profiter des taux bas pour emprunter. Vous avez raisonné dans le sens inverse : épargner et se désendetter quand les taux sont au plus bas. C’est un non-sens qui coûtera cher et qui freine dès aujourd’hui toute ambition à la hauteur des enjeux actuels.
Vous l’entendez, à quelques exceptions prêt, nous ne nous reconnaissons ni dans vos choix de 2021, ni dans ceux de 2022. Vous ne semblez pas prendre la mesure des changements globaux qui nous affectent, des besoins de la population, ni de notre personnel municipal. Vous restez dans une politique des petits pas insuffisantes. Par conséquent nous voterons contre les comptes administratifs et les budgets supplémentaires des communes de Lille, Lomme et Hellemmes.