Madame le Maire,
Chèr.es collègues, Mesdames, Messieurs,
Le dernier rapport du GIEC considère la décennie 2020-2030 comme cruciale pour limiter et s’adapter aux dérèglements climatiques, enjoignant à des mesures fortes pour freiner l’emballement climatique de la deuxième moitié du siècle.
Cet impératif climatique doit guider l’ensemble des politiques publiques et doit constituer une boussole pour toute action entreprise.
Des politiques publiques portées par les collectivités territoriales, les citoyen.nes quand on leur en donne l’occasion, mais également par les collectifs et associations.
A Lille, nous avons le privilège d’avoir la Maison régionale de l’environnement et des solidarités, la MRES, ancienne Maison de la Nature et de l’Environnement, la MNE qui a vu le jour en 1979, au 23, rue Gosselet grâce à Pierre MAUROY.
La MRES, cette institution lilloise, fête ses 43 ans en ce mois de juin.
Riche de son histoire, de des militant.es, de son expérience, elle pût compter en son sein 118 associations.
Aujourd’hui, la MRES accueille rue Jules de Vicq à Fives, 80 associations membres utilisatrices des locaux de façon permanente ou régulière : lieu d’accueil et de services pour les associations, lieu de vie pour tout porteur d’un projet de développement durable ou encore réseau d’associations qu’elle coordonne, anime, conseille, forme et valorise.
Et un centre de documentation accessible à toutes et tous ; à l’heure où certains politiques viennent contredire les travaux du GIEC à des heures de grande écoute, la nécessité d’un centre de documentation est indéniable.
Actrice lilloise à part entière et reconnue, de par ses projets, de par ses acteurs, la MRES fait rayonner notre ville sur le plan de la transition écologique, démocratique et sociale dans le département, dans la région et au plan national.
Il y avait 17 salariés dans l’équipe permanente en 2019-2020 et ce sont deux postes qui ne sont pas remplacés sur 2021-2022.
Nous le disons haut et fort ce soir, nous avons besoin de la MRES et surtout d’une MRES solide, dynamique, qui ne devrait pas à avoir à douter du soutien des pouvoirs publics.
Car, aujourd’hui, la MRES, l’ensemble de son équipe et les associations de son réseau doutent.
Mélissa CAMARA portait déjà ces doutes en conseil municipal d’avril 2021.
Nous aussi, aujourd’hui, Madame le Maire, nous doutons de votre soutien.
Financièrement :
La subvention de fonctionnement est passée de 90 000€ à 80 000€ et le soutien aux actions MRES est passé de 74.500€ à 13.500€ soit un total de 93.500€ ; 93500€ quand en 2020, il était de 164 500€ et en 2021, il était de 132 500€.
Rappelons l’arrêt des conventions pluriannuelles de 3 ans au profit d’une convention annuelle depuis 2020.
Enfin, le passage de certaines activités en appel à projet, lesquels, vous le savez mettent en concurrence les associations entre elles.
Ces deux derniers points fragilisent le monde associatif et favorisent les grosses structures.
Je l’ai dénoncé en conseil départemental pas plus tard que lundi sur l’AAP Insertion et emploi qui, au vu des baisses de financement, va contraindre les partenaires qui accompagnent les ARSA à supprimer des postes et/ou à quitter des territoires.
Vous nous direz, côté finances, que la MRES ne paye pas de loyer.
Notre réponse : ce n’est pas qu’avec de l’immobilier que l’on fait tourner une association, mais bien avec des salarié.es !
Concernant la MRES, les associations ne pourront plus mettre en place de nouveaux projets, ou devront sacrifier des projets menés depuis plusieurs années, voire ne pas remplacer les salariés qui partent…
Et fragiliser la tête de réseau, c’est fragiliser tous ses membres.
Madame le Maire,
En arriverons-nous à une situation comme celle de la Maison de l’environnement de Dunkerque, 40 ans, pour laquelle la Communauté Urbaine de Dunkerque décidait le 17 mai dernier de mettre fin aux subventions allouées et ce, dès ce 1er juillet ?
Madame le Maire,
Renforcez-vous les AAP pour filtrer la diversité des structures existantes aujourd’hui à la MRES ?
Passant ainsi de soutien à un projet associatif à une relation client / fournisseur ?
Passant ainsi de déclarations sur la démocratie participative à une méfiance vis-à-vis d’acteurs associatifs considérés comme des contre-pouvoirs ô combien gênants ?
Ce qui est remis en question ici à Lille, à Dunkerque ou encore au Département du Nord, c’est bien la place des associations, la reconnaissance de leurs capacités à s’inscrire dans la mise en oeuvre des politiques publiques et leur capacité également à être forces de propositions et de contre-pouvoir.
Nous ne pouvons l’accepter et nous vous demandons, Madame le Maire de revoir les relations partenariales de la ville de Lille et de la MRES.
Parce que l’expression associative est un droit démocratique mais surtout une richesse pour la vie citoyenne, nous nous devons de maintenir cette richesse.
Et pour information/rappel, le collectif des associations citoyennes tiendra ses universités d’été à Lille, du 5 au 7 juillet avec cette question : quel monde associatif demain ?
Bien-sûr, le groupe Lille Verte votera pour cette délibération.
Je vous remercie.