Office municipal des sports : face à un manque criant de parité, Mélissa Camara rappelle les enjeux liés à l’égalité hommes/femmes dans la pratique sportive

Mélissa Camara, conseillère municipale

Madame La Maire,
Chers collègues,
C’est un constat que nous faisons malheureusement dans de nombreux domaine et le sport n’y échappe pas : encore plus visible qu’ailleurs, l’égalité entre les femmes et les hommes fait cruellement défaut. Et cette délibération nous le montre encore aujourd’hui.

Au mois de janvier, dans le cadre de la PPL sur la démocratisation du sport, nous avons vu les sénateurs de droite se mobiliser pour décaler l’entrée en vigueur de l’instauration de la parité intégrale dans les fédérations sportives, ou encore tenter de passer une disposition excluant certaines femmes des compétitions et événements sportifs ! Bien que la ville n’en soit pas directement responsable, nous sommes forcés de constater que l’assemblée générale de l’Office Municipal des Sports est très loin de la parité, puisque nous avons environ cent trente hommes pour une quarantaine de femmes. Toutefois, ce Conseil municipal, a la responsabilité de faire évoluer la place des femmes dans le sport et de fixer des objectifs mesurables en faveur de la représentation des femmes dans nos instances municipales !

On le sait, deux tiers des jeunes pratiquant une activité de loisir subventionnée sont des garçons. C’est pourquoi, avec le Groupe Lille Verte, nous portons depuis des années le budget genré. La place de la femme doit être revue et soutenue dans l’ensemble des domaines qui composent notre société. Le budget genré est la cheville ouvrière du réajustement de l’impact des politiques publiques quant à l’égalité femmes-hommes. Dans le domaine du sport, cette progression est possible en pensant les futurs usages des infrastructures et les potentiel biais de genre.

Quand des chercheurs nous parlent de 80 à 95 % d’occupations par les garçons des terrains de sport à accès libre, nous devons collectivement trouver les solutions pour lutter contre ces inégalités dans l’usage des équipements sportifs!
En lien avec les associations sportives, il faut que la Ville promeuve davantage le sport auprès des femmes.

Et il est nécessaire que cette pratique soit soutenue au-delà de l’adolescence, période où beaucoup de filles arrêtent le sport, parfois par choix, mais aussi par faute de moyens pour les accueillir dans de bonnes conditions. Dans cette dynamique d’inclusion, il est aussi important de combattre les
stéréotypes de genre dans le sport dès le plus jeune âge : non, la gymnastique n’est pas uniquement réservée aux filles et le rugby aux garçons.

Ces équipements doivent également accueillir les Lillois et Lilloises dans de bonnes conditions. Dans certains quartiers, l’état de dégradation de ces équipements est déplorable : sols gondolés par l’humidité, vétusté des locaux, etc.. L’amélioration des conditions d’accueil des sportifs lillois paraît essentielle, si nous voulons encourager les pratiques sportives amateurs. La question des horaires d’ouverture et de la répartition des salles est également un sujet de préoccupations pour les clubs lillois, vous le savez.

Les petits clubs ont besoin plus que jamais de notre soutien pour se développer. D’autant plus que la crise sanitaire les a fragilisé. Nous avons le devoir de continuer à développer les passerelles vers le sport professionnel dans notre ville, et ainsi accompagner les associations sportives dans l’organisation de grosses compétitions. Les efforts et le talent de nos sportifs Lillois et Lilloises doivent être récompensés, promus et soutenus.

Enfin, le sport est aussi et surtout bon pour la santé. C’est dans ce cadre que nous réitérons notre désir de développer le sport sur ordonnance dans notre ville. Développer sa pratique, c’est favoriser le bien-être physique et psychologique des citoyens et des citoyennes.

Notre vision se trouve dans l’héritage direct d’un Léo Lagrange ! Nous pensons que le sport est vecteur de lien social, d’émancipation, de fraternité, de mixité et d’éducation populaire. Il est un secteur qui a aujourd’hui besoin d’une vision globale, à court et moyen termes. Mais aussi d’ambitions fortes : pour une féminisation encouragée, une professionnalisation rendue possible et des infrastructures dignes de ses pratiquants et pratiquantes. En somme, faire vivre pleinement cette idée majeure du sport pour tou-te-s héritée du Front populaire !
Merci