Pour que la Ville signe la déclaration des droits des personnes sans-abris de la Fondation Abbé Pierre

[Suite à cette intervention, l’équipe municipale refuse de signer la déclaration des droits des personnes sans abris, tel que le proposait Faustine Balmelle. Ils annoncent signer cette déclaration en juin 2022, dans le cadre de la présentation du plan lillois contre la précarité. Pour Lille Verte repousser toujours plus loin n’a pas de sens : la grande précarité n’attend pas juin 2022]

Faustine Balmelle
Co-présidente
Lille Verte

Madame la Maire
Chers collègues

Je vous présente ce soir le voeu visant la signature de la déclaration des droits des personnes sans abri Fondation Abbé Pierre
Citation Abbé Pierre : « La beauté d’une ville, elle est d’abord de ne pas avoir de taudis, de ne pas avoir de sans-logis ».
Parce qu’une ville est belle, quand elle est solidaire, quand elle garantit à toutes la dignité.

Ces mots, résonnent tant aujourd’hui, dans notre ville quand :
57 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté à Lille, une personne sur 4 (14 % France)
-Ils résonnent quand 3000 Lilloises et Lillois vivent à la rue, en bidonville, en squat

Rappellons-le : la pauvreté tue. En toute saison. Partout.
587 décès en 2020 (moyenne d’âge de 48 ans) selon le collectif les Morts de la Rue,
Hauts-de-France = 2e région la plus touchée.
A Lille, ils s’appelaient Mohamed, Hamou, Chun, Eric, Michel Didier, Bruno, Patrick, Célia, Nagim, Mansour, Khaled, Eric, Christophe, Eric, Jacques, un homme, Abdelkader, Claudine, Ouafirkh.
Et tant d’autres certainement dont nous n’avons pas connaissance.
Permettez-moi de leur rendre hommage ce soir et de leur dédier cette intervention.

Le combat contre la pauvreté ne prend pas de répit.
La pauvreté est politique. Nous avons les moyens d’y mettre un terme.
A Lille, prenons notre part.En 2020, lors de votre campagne Madame la Maire, vous vous étiez engagée à signer la déclaration pour les droits des sans abris de la Fondation Abbé Pierre,
dans la Tribune JDD du 14 février 2020.

C’est pourquoi, nous proposons aujourd’hui de signer cette déclaration. Le vœu que nous avons déposé
vise à nous engager pleinement et sans réserve à l’application des 14 articles de la déclaration.
Ceux-ci prévoient notamment que (non exhaustif):

« Le premier droit des personnes sans abri est de cesser de l’être. »
Rappel de l’étude ADULM 2018 où accès logement est un des premiers facteurs stabilisant dans le parcours de vie et de sortie de la pauvreté.

Le respect des biens et effets personnels, des lieux de vie – y compris des bidonvilles

Le respect des droits fondamentaux et accès aux services publics : alimentation, hygiène, sanitaires, eau potable, ramassage des ordures ménagères.
Nous rappelons par ailleurs que l’accès à l’eau potable (voire à l’eau tout court) n’est toujours pas garantie actuellement à la friche St Sau.
Nous rappelons aussi notre attachement à l’augmentation des toilettes publiques et à la présence de bains douches dans la ville.
Nous renouvelons notre appel pour un appui plus fort aux associations de maraudes, d’aide alimentaire et de solidarité. Garantissons leur des conditions d’accueil dignes (parc Lebas, sans tonnelles et à la vue de tous). Même étude décrit aide associations par usagers comme indispensable à l’assurance de leurs besoins vitaux.

La participation à la vie de la cité. Les politiques publiques de lutte contre la pauvreté doit se faire avec
les précaires et non pas sans eux.
C’est pourquoi nous demandons la mise en place d’un groupe de suivi de la déclaration avec la Ville de Lille, les associations dont la Fondation Abbé Pierre et les précaires eux
mêmes. Remercions la Fondation Abbé Pierre pour cette initiative.

Par le vote de ce vœu, nous demandons également à l’État, compétent en matière de lutte contre la pauvreté, d’accroître les moyens financiers et la mise en œuvre d’actions en faveur du respect de la dignité de toutes et tous, en respect du droit international et national.

Alors, n’attendons plus.
Les sans abris ne peuvent pas attendre.
Chaque jour dehors est un jour de trop.

C’est un jour à se débrouiller seul, à être potentiellement en danger, à ne pas savoir où dormir, où accéder aux droits ou aux soins, où avoir accès à l’hygiène ou à l’eau.
Chaque jour dehors, c’est un jour à survivre.
L’indignation face à de telles situations je sais que nous la partageons.
Mais l’indignation ne dispense pas de l’action.
Ensemble, agissons. Pour que plus personne ne meure dans nos rues