Madame le Maire, Mes chers collègues,
Aujourd’hui, en 2021, il est navrant qu’il faille un véritable protocole de sécurité pour éviter d’être drogué et/ou de se faire agresser quand on sort le soir. Un capuchon anti-drogue à enfiler à chaque verre ; la présence d’un ami toujours à proximité pour ne jamais se retrouver seul ; prévoir de se faire raccompagner pour rentrer chez soit ; éviter d’accepter des verres dont on aurait pas vérifié le contenu. Cela fait beaucoup de chose à penser pour une seule soirée. Surtout quand celle-ci est juste pour passer un moment de détente.
La plupart des actions aujourd’hui proposées alourdissent encore davantage le fardeau déjà immense qui repose sur les épaules des victimes du GHB. Il n’est, je l’espère, pas nécessaire de rappeler que ce sont avant tous les agresseurs le problème. Et non les victimes. Il nous faut aussi former les entourages à prendre soin des personnes qui font la fête avec elles, à ne pas laisser un ou une camarade seule, à veiller les uns et les unes sur les autres. Encore une fois, l’humain avant la technique !
C’est pourquoi, le vœu aujourd’hui proposé par « Faire Respirer Lille » est très, très loin d’être à la hauteur des enjeux qui sont devant nous.
Vous appelez à davantage de vidéo surveillance. Celle-ci peut éventuellement aider à retrouver un agresseur – bien que cela ne soit pas prouvé – mais elle n’empêche pas l’agression elle-même et les traumastismes subit.
Vous parlez de postes de policiers supplémentaires, avec, je cite, un « soin mis à la formation spécifique des fonctionnaires » : que cela veut-il dire exactement ? Pensez-vous vraiment que cela suffise ?
Vous écrivez que les « établissements de nuit doivent être incités à une plus grande vigilance ». Alors selon vous, l’élimination de « ce fléau » comme vous le dites vous-même, passera par une simple « incitation » à faire plus attention ? Non mesdames et messieurs, les Lilloises et Lillois méritent bien plus que de simples tournures de phrases vides de sens.
C’est pourquoi Lille Verte propose de mener des actions concrètes en lien avec le Conseil de la Nuit.
Pour cela, il faut associer l’ensemble des structures concernées qui ne sont pas forcement représentées au sein du Conseil de la Nuit. Nous parlons ici des associations étudiantes, des universités, des collectifs féministes, du centre régional d’information jeunesse et toutes celles et ceux qui souhaiteront s’investir.
Il faut donner une place aux victimes au sein même du Conseil de la Nuit et notamment dans sa commission « prévention », afin de se doter d’une compréhension plus fine des enjeux. Mais aussi apporter notre soutien de manière concrète et faire en sorte que cela ne se reproduise pas.
Il faut engager une collaboration très étroite avec les bars de Lille pour travailler ensemble dans le but de rendre ces endroits plus sûrs.
Il faut davantage de moyens financiers pour investir dans la prévention. Et surtout, demander au Gouvernement d’organiser de vraies formations complètes des policiers. Par ce vœu, Faire Respirer Lille met en lumière un phénomène qui doit amener une réponse politique. Néanmoins, les solutions doivent être adaptées à la problématique, et non devenir une excuse pour accroître l’utilisation de dispositifs de sécurité disproportionnés.
La réponse n’est pas la vidéo surveillance dans l’espace extérieur pour des actes en milieu fermé. De plus, le travail a besoin de se faire en amont, et pas une fois que l’agression s’est produite. Pour cette raison nous nous abstiendrons.
Merci