Julie Nicolas sur le rapport d’égalité hommes/femmes de la Ville de Lille 2021

Julie Nicolas, Conseillère municipale

Madame le Maire, Madame l’Adjointe,

Permettez-moi ce soir de m’adresser d’abord aux lillois.e.s et aux agents de cette collectivité.

Ce soir le rapport égalité femmes-hommes nous permet, après de nouvelles vagues du phénomène MeToo, d’adresser les inégalités, mais aussi les violences, non pas dans les sphères médiatiques, mais dans toute la société où le phénomène est tout autant présent mais beaucoup plus rarement exposé, commenté. A un tel point que ces violences là sembleraient presque ne pas mériter l’indignation collective. C’est faux bien sûr.

Nous ne le dirons jamais assez : les inégalités sont partout, les femmes travaillent gratuitement près de 2 mois dans l’année, et les violences sexistes et sexuelles sont partout.

Ce que ces femmes journalistes et politiques nous disent, c’est qu’il est nécessaire de reconnaître toutes ces violences, toutes ces inégalités, à toutes les échelles, dans toutes les sphères,

Partout, dans la rue, comme à l’abri des murs d’une université, d’une entreprise, d’une institution publique.

Nous avons désormais des indicateurs partagés sur l’égalité femmes-hommes, dans le rapport social unique. Nous saurons, dès que les comparaisons seront possibles, nous engager encore mieux et davantage dans une amélioration continue des différents dispositifs POUR l’égalité et CONTRE les violences.

Nous nous félicitons d’ailleurs de la création d’une cellule de veille au bénéfice des femmes agentes de notre ville, de la mobilisation de 7 écoutantes bénévoles, et des engagements pris pour l’accompagnement des victimes.

C’est probablement toujours perfectible, et indéniablement difficile au vu de la complexité des situations et des douleurs qu’elles génèrent, mais : merci.

Merci à elles, merci pour votre travail et votre engagement.

A nous de veiller à ce que les campagnes soient suffisamment régulières pour que la vigilance ne s’émousse pas

Cependant, malgré ces lueurs, vous comme moi avons aussi beaucoup de motifs d’insatisfaction.

Nous ne pouvons pas nous satisfaire des chiffres présentés dans ce rapport, et derrière ces chiffres des réalités et des inégalités qui perdurent dans notre société.

Toujours aux dépens des femmes, la précarisation de l’emploi.

Toujours pour les femmes, les temps partiels subis.

Toujours pour les femmes, les autorisations spéciales d’absence pour garder les enfants malades.

Toujours pour les femmes, les carrières ralenties, interrompues, cassées.

Pardonnez-moi de dire l’évidence, mais c’est pour dire avec combien d’impatience nous attendons que les hommes, les conjoints, les maris, assument les mêmes responsabilités.

Prennent leur part de la charge mentale,

Prennent leur part des engagements pris lorsqu’on fonde une famille, se met en couple, ou divorce,

Prennent leur part des dépenses liées au foyer familial, à la cantine, aux inscriptions dans les clubs de sport ou de musique, aux soins, à l’achat de fournitures ou de vêtements.

C’est l’un des tournants que nous avons besoin de faire ensemble, et auxquels aucun dispositif ne pourra entièrement remédier seul : nous devons cesser de ne pas voir ces inégalités, s’y acculturer ensemble, et agir concrètement pour l’égalité.

Je m’adresse bien,maintenant, aux hommes : êtes-vous prêts, collectivement, individuellement, à lutter avec nous pour l’égalité ? Pour les carrières et l’épanouissement des femmes ? Contre les violences ?

En 2020, la cellule de veille rapporte un cas d’agression sexuelle, un autre de harcèlement sexuel, un cas de sexisme. 3 cas, le haut de l’iceberg parmi près de 6200 agents.

3 cas, qui ne sont qu’une photographie à un instant T, sans rien dire des faits qui ont précédés et de ceux que nous voudrions toutes et tous éviter à l’avenir.

Ces comportements sont inacceptables. La souffrance et le traumatisme de ces femmes est inacceptable.

Mais leur courage est immense et il mérite qu’on le salue.

Que nous leur disions à nouveau : nous vous croyons, nous vous soutenons, et nous espérons que la ville vous accompagne jusqu’au bout, jusqu’à déclencher les procédures judiciaires s’il le faut.

Contre la fatalité et l’inaction, et pour reconnaître le statut de victimes de ces femmes, nous appelons toutes les organisations, toutes les entreprises, tous les employeurs, à mettre en place ces cellules d’écoute, de manière indépendante des hiérarchies existantes pour qu’elles soient pleinement sécurisantes pour les victimes.

Et à dire enfin ainsi : oui, c’est notre priorité.

Je vous remercie