Frédéric Louchart revient sur le projet de rénovation du Musée d’Histoire Naturelle

Frédéric Louchart, Conseiller Municipal

Les lillois éprouvent un grand attachement envers ce musée, dont l’architecture a les défauts (ergonomiques) de ses qualités (esthétiques).

Le Projet Scientifique et Culturel s’inscrit dans une vision articulée sur l’insertion dans le territoire du bassin houiller et son époque (les fameuses cartes du grand escalier de la MRES), autant que sur des collections ethnographiques. La Drac l’attendait elle aussi avec impatience, semble-t-il.

Avec un nouvel intitulé tel que « musée de la nature, de l’homme & des civilisations », je crois revoir l’ancienne bibliothèque du musée de l’homme, la seule qui rassemblait les multiples dimensions de l’humanité : animale, ethnographique et archéologique. Et l’idée d’une anthropologie culturelle fondée sur le rapport homme-nature ne peut que nous intéresser, vous l’imaginez bien.

Mettre en valeur une riche collection sous-exploitée jusqu’à présent, et faciliter la recherche, on ne peut qu’approuver. Bien des chercheurs font déjà appel au personnel de ce musée, qui s’échine parfois à rechercher dans l’étymologie du Magyar pour répondre de son mieux et faciliter leur travail. Nous espérons que le personnel disponible pour ces travaux restera à la mesure des besoins, un personnel que nous savons très attaché à ses missions.

A ce propos, nous remarquons un dialogue avec le personnel, ce qui facilitera grandement la mise en œuvre du projet. Dans le même ordre d’idée, l’analyse des stratégies des différents publics et la prise en compte des multiples canaux de compréhension des visiteurs ne peut qu’apporter un plus à ce Projet. Dans le détail, il est question de dynamique d’ouverture aux événements culturels, au croisement des disciplines et des thématiques, ainsi que la recherche d’usage optimal des espaces et de l’énergie : tout ceci va dans le bon sens et rappelle le travail de Julien Dubois ( ?) sur le
bâtiment.

Immersion, numérique, partenariats, accessibilité, sciences citoyennes et participatives, emmener le musée hors-les-murs. Un principe intéressant que le Projet présente à l’échelle du centre-ville et du Nord de l’Europe, de Londres à Cologne et de Paris à Anvers, mais pas à l’échelle de toute la ville. Ne serait-il pas pertinent de concevoir des liens avec le Jardin des plantes, qui ne manque pas d’intérêt dans les thématiques énoncées tout au long des pages du Projet Scientifique.

Approche par le sensible, par l’immersion, approche ludique et complémentarité des équipements lillois. Si
en plus, cela permet de désincarcérer le Jardin des plantes et favoriser son accessibilité, le Projet Scientifique du « musée de la nature, de l’homme & des civilisations » aurait aussi la vertu d’être un outil d’aménagement positif du territoire. Après tout, il n’est qu’à 600m.

De même, inscrire le musée dans le réseau Nature à Lille et développer des partenariats avec le riche tissu associatif de la ville et le centre de doc de la MRES, cela aurait ici du sens sur le plan territorial autant qu’historique. Cela serait aussi compatible avec ce qui est déjà mentionné dans le projet, à savoir une synergie avec les services de documentation lors des efforts relatifs aux événements culturels de la ville.

Il nous est demandé de nous prononcer sur un Projet Scientifique présenté à la presse deux jours avant le vote. N’est-ce pas, un peu comme l’iguanodon du musée, monté à l’envers ? Mais, bon, avançons : avez-vous une profondeur de vue sur la future muséographie afin de donner à comprendre les trois dimensions que sont : « Comprendre le monde », « Se connaître » et « Construire demain », et quelle place sera donnée dans l’exposition permanente à la notion de changement climatique ? Car il ne s’agit pas d’être optimiste ou pessimiste, mais scientifique et qu’à côté de l’humain « habitant du monde », « curieux explorateur », et « ingénieux acteur », il y avait au même niveau l’humain « mystificateur et destructeur », pour revenir à cette anthropologie de la nature.