Julie Nicolas présente un amendement pour la biodiversité

Mesdames et messieurs, chers collègues,

Quel étrange exercice que de débattre sur un projet de PADD pour un nouveau PLU, mais sans nouveau projet de PADD. En devant acter que le précédent convient de facto, malgré l’intégration de nouvelles communes au sein de la Métropole Européenne de Lille, malgré le coup de semonce du Préfet qui avait suivi l’adoption du précédent quant-à la ressource en eau, malgré l’adoption d’un PCAET et son ambition climatique, malgré l’évolution des objec- tifs climatiques européens pour réduire de 55% des émissions de GES d’ici à 2030.

Soit, plions-nous à l’exercice, mais démarrons-le, cette fois, en nous dotant des bons outils : pour toutes les raisons énoncées à l’instant, plus le débat sera écourté, moins il aura lieu, moins les objectifs pour la transition écologique seront atteints.

Nombre d’entre nous gardent le souvenir des non débats du précédent conseil métropolitain :

  • non débat sur l’état initial de l’environnement et de la biodiversité,
  • non débat sur l’ambition climatique,
  • non débat sur les résultats de la concertation (pourtant très clairvoyante sur la transi- tion écologique),
  • non débat sur la ressource en eau pourtant cruellement manquante. Pendant ce temps, les autorités environnementales et les ONG alertent sur les manques des études d’impact, et sur la dette écologique qui se creuse toujours plus – à force de ne pas ob- server la loi.

Le risque est d’omettre à nouveau ce qui fait l’intérêt général métropolitain, notamment en écartant ce sujet plus que sensible de la densité : nécessaire mais rejetée, souvent insuffisante mais parfois excessive.

Trouvons le chemin d’une densité soutenable, pour notre environnement, mais aussi pour la qualité de vie des habitants. Le zéro artificialisation nette, les limites à l’extension urbaine sont attendues dans notre métropole : nous devons poser des balises pour emprunter ce che- min. Avec pas moins de 985 hectares d’extension, alors que les études nous révèlent que la MEL ne parvient pas à jouer son rôle de locomotive du développement de notre région, la périurbanisation reste une réalité fort peu compatible avec les objectifs affichés !

Pour toutes ces raisons nous nous adressons à vous, en tant que membres de la majorité et de l’exécutif de notre métropole. Vous avez la possibilité, et surtout la responsabilité, de porter une ambition métropolitaine démocratique, en faveur de l’intérêt général, pour que ce nou- veau PLU ne commette pas les mêmes erreurs.

Biodiversité, climat, santé environnementale, justice sociale, droit à un environnement sain ou droit d’accéder à des espaces verts, devront impérativement être les grands gagnants de ce futur PLU. Nous n’avons pas le luxe d’attendre. Ces objectifs doivent être dès maintenant confortés grâce non seulement au débat, mais aussi à un engagement de moyens, un engage- ment significatif, de la MEL.

C’est le sens voulu par nos amendements, qui ne prétendent pas imposer une vision, mais anticiper les moyens nécessaires au débat, à notre ambition collective pour la transition éco- logique de notre métropole.

Sans de tels moyens, ce qui nous attend, entre petits pas et voeux pieux, ne sera pas à la hau- teur des enjeux. Des enjeux énoncés par le GIEC, mais surtout des attentes des citoyens, depuis les 150 de la convention citoyenne aux lilloises et lillois.

(Nous vous proposons un amendement unique mais bien évidemment une discussion point par point est possible, voire souhaitable)

Amendement du Groupe Lille Verte – délibération 21/323

Contribution au débat relatif au projet d’aménagement et de développement durable (PADD) de la révision du Plan local d’urbanisme (PLU) de la Métropole européenne de Lille.
En fin de délibération page 3, ajouter :

Aux objectifs de résultats énoncés ci-dessus, la ville de Lille appelle à des objectifs de moyens indispensables à l’atteinte des objectifs de transition écologique de notre territoire :

• l’engagement d’un grand débat métropolitain sur le zéro artificialisation nette pour définir de manière concertée avec les habitants un objectif « ZAN MEL », en tenant compte des vulnérabilités du territoire, afin de conforter ou d’amender les grands équilibres du PADD du PLU95, en particulier un urbanisme et une densité soutenables, favorables à la santé et à la préservation de l’environnement.

• la réalisation, dès cette année, d’atlas de la biodiversité pour toutes les communes de la MEL et d’un schéma trame verte et bleue visant à interconnecter et à développer les corridors biologiques à l’échelle communale et intercommunale, afin que le PLU95 puisse mobiliser les outils de protection réglementaire pour l’ensemble des espaces et corridors de biodiversité, existants à créer, et ainsi garantir l’ensemble des fonctions essentielles au développement de la biodiversité sur le territoire métropolitain, en particulier sur les 245 friches de notre métropole.

• la réalisation, dès cette année, d’une cartographie permettant de prendre en compte les inégalités spatiales, et particulièrement les inégalités de santé environnementale, dans l’objectif de garantir l’absence d’impact négatif des opérations d’aménagement de construction sur les expositions aux nuisances (pollution de l’air, bruits, sols pollués) en mobilisant les outils de zonage du PLU95.

• l’élaboration d’une stratégie sur la reconquête de la qualité de la ressource en eau, visant à réduire la vulnérabilité de notre territoire par le renforcement des objectifs métropolitains en matière de prévention, en particulier le paiement des services environnementaux.

Julie Nicolas, conseillère municipale Lille Verte