Intervention de Frédéric Louchart sur la modification du Plan local d’urbanisme

Madame le maire, chers collègues,

L’avis de la ville de Lille relatif aux modifications du PLU2 qui la concerne paraît noyé dans l’ensemble des dispositions du lot environnemental soumis au vote. L’enjeu est pourtant de taille, car il est nécessaire d’atteindre la neutralité carbone au plus vite, de protéger nos concitoyens, en anticipant et en s’adaptant aux chan- gements en cours. Le PLU en est un outil stratégique. Il se doit d’être à la hauteur des enjeux.

Développer le boisement à Moulins ainsi qu’ à Wazemmes retient toute notre at- tention et nos encouragements à persévérer dans vos efforts dans une politique plus massive de séquestration du carbone. Nous proposons de préserver l’ensemble des friches arborées qui échappent encore aux très nombreux permis de construire qui permettent de bétonner Lille-sud (rue de Marquillies, notamment), parfois même sur des espaces très petits. Rien ne sert de densifier la ville centre si on soutient l’artificialisation dans les communes environnantes…

Si nous saluons l’application du Coefficient de Biotope aux projets de rénovation, mais nous aurions voulu voir le seuil des surfaces abaissé pour éviter que les pro- jets de moindre importance n’achèvent ainsi de minéraliser la ville. D’ailleurs, ne serait-il pas pertinent de devoir justifier l’abattage de tout arbre et de porter les es- paces de pleine terre à 40 % au lieu de 30 % comme cela se fait à Bordeaux ?

En revanche, nos avis divergent quant à la nécessité des bureaux qui renforcent la métropolisation et la concurrence des territoires, créent des espaces standardisés souvent hors-sol. L’heure est à substituer le logement au bureau. Pourquoi modifier le PLU en remplaçant les surfaces de plancher par des surfaces de bureaux – pas même des équipements d’intérêt collectif – non plus de 20.000 mais de 67.000 m2 sur l’OAP visant le siège de la MEL, rue du Ballon. Il serait tout à fait envisa- geable de se montrer prudents, au vu des moindres besoins actuels.

Nous souhaitons protéger la population de toute une ville à santé positive, pas seu- lement dans un quartier collé à l’autoroute, où la pollution atmosphérique expose un trop grand nombre de nos concitoyens. De ce fait, relever les hauteurs de 22 à 37 mètres sur le Bd Hoover et sur la ZAC Concorde revient à exposer encore plus d’habitants à ces pollutions, là où les relevés ATMO s’avèrent catastrophiques, au point de n’être même pas pris en compte lors de la réunion publique à la MHD sur la qualité de l’air. Si tant de logements manquent dans la MEL, et à Lille en parti- culier, ne faut-il pas une OAP ambitieuse pour traiter les nuisances sonores, les polluants, et développer rue du Ballon plus de logements et moins de bureaux?

Sur la pointe des Bois-Blancs et l’îlot Boschetti, si les aménagements à venir se font en partie sur une surface déjà artificielle – et pourquoi pas y recycler les ilôts nordiques de St So – ce n’est pas le cas de l’ensemble de la modification du PLU.

Cette zone est une clé de la trame bleue à protéger particulièrement. A contrario, la commune de Quesnoy sur Deûle a créé 7 IPEN pour protéger les espaces remar- quables… y compris en plein milieu d’un espace dédié à un projet d’aménagement qui devra en tenir compte : c’est là une vraie intégration des enjeux de biodiversité dans la ville, nous vous invitons à mobiliser davantage cet outil (y compris sur les espaces en friche).

Pour faire suite, un projet plus avancé sur la zone du Grand But aurait pu nourrir le potentiel de renouvellement de la ville sur elle même, avec non seulement des par- kings silo, mais aussi la multifonctionnalité autour du logement, de commerces & d’activités. Le Grand But est une priorité de nos projets urbains, et non la recherche sempiternelle de densification en coeur de ville, déjà dénué d’espaces verts.

Ces modifications n’étant pas, selon nous , à la hauteur des enjeux, nous voterons contre cet avis.

Frédéric Louchart, conseiller municipal Lille Verte