Pour faire face à l’urgence climatique, n’affaiblissons pas la MRES : une intervention de Mélissa Camara

Mélissa Camara, conseillère municipale

Madame le Maire, Mesdames et messieurs les conseillers municipaux,

Nous voulons revenir sur cet appel à projet pour deux raisons :

La première, pour exprimer notre grande satisfaction qu’un tel appel à projets, sans plafond à ce stade, permette à toute association de s’emparer de la transition écologique, quel que soit son champ d’intervention. Je pense en particulier aux centres sociaux, dont nous savons à quel point leur projet et leur dynamisme sont étroitement liés aux moyens mobilisables, qui plus est pour financer ces pas de côté. Cette incitation, si elle est pérenne, si les niveaux de financement sont maintenus, serait de nature à faire la différence pour la transition écologique de notre ville, dans un souci constant de justice sociale.

Nous appelons à ce que cette bienveillance vis-à-vis des associations intervenant dans le champ social se poursuive, sans jamais rogner sur leurs frais de fonctionnements généraux – et sans hésiter à les augmenter en raison de la crise sociale.

La 2ème raison est, malheureusement, plus une inquiétude qu’un espoir. Parmi les bénéficiaires de cette première fournée de lauréats, on trouve la Maison Régionale de l’Environnement et des Solidarités, dont le siège se situe à Lille, et dont le centre de documentation constitue aujourd’hui une caverne d’ali baba pour les apprentis transitionneurs.

Que serait la transition écologique à Lille sans la MRES, qui la première a engagé ce chantier de l’accompagnement au changement ? Que serait la transition écologique citoyenne sans une maison pour l’accueillir et la représenter ? Car les changements de comportements supposent un lieu pour renseigner, nourrir les esprits et les démarches ; pour entretenir ces milliers de dynamiques personnelles et collectives en faveur de la transition écologique et solidaire à Lille.

Oui, les informations dont nous disposons nous inquiètent :

Sur deux conseils municipaux (février et avril), nous aurons voté au total 78.000€ de subvention à la MRES, soit moins de la moitié de sa subvention annuelle inscrite dans les conventions passées avec la ville, qui s’élevait à 164500€. Vous avez affirmé, Madame la Maire, maintenir le même niveau de subvention pour les associations en 2021. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. Et pour la MRES, le présent appel à projets ne se traduit pas par du plus, mais par du moins.

Par ailleurs, à ce jour, aucune convention d’objectifs n’a été proposée au conseil municipal. Nous ne connaissons pas le montant global de la subvention accordée à la MRES en 2021.

Un appel à projets, même à budget ouvert, s’il vient se substituer à des soutiens pérennes antérieurs, se traduit dans les faits par une mise en concurrence des associations et par leur fragilisation. Nous l’avions souligné lors du dernier conseil métropolitain à propos des maisons de l’emploi.

Ce niveau de financement et d’incertitudes met en péril la MRES. Cela revient à affaiblir non pas une, mais de nombreuses associations membres de son réseau, qui mènent des actions dans notre ville. Malgré la crise sanitaire, la MRES et ces associations maintiennent et adaptent une grande part de leurs activités sans garantie à mi-année qu’elles soient toutes financées.

Quand les mesures sanitaires se desserreront, dans quelles conditions la MRES pourra-t-elle, elle aussi, ré-ouvrir ses portes ? Aura-t-elle été contrainte à licencier ?

On est loin de l’amplification et de l’accélération énoncées dans la délibération proposée au vote ce soir. Quel sens y-aurait-il à signer la déclaration de Paris, et dans le même temps à affaiblir le terreau associatif qui s’engage ici à Lille depuis des années pour le climat ?

Nous voterons cette délibération tout en maintenant notre alerte.

Je vous remercie.