Madame le Maire, chers collègues,
Ce soir nous avons l’occasion d’affirmer, de ré-affirmer, que la ville de Lille est pleinement en phase avec deux des attentes les plus fortes de nos habitants et de la société française toute entière.
La première est bien sûr la lutte contre les violences faites aux femmes, et de manière plus générale, la lutte pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes. Soit, un long, très long chemin à parcourir. La grande cause du quinquennat du Président de la République a non seulement accouché d’une souris, mais aussi de mensonges. En 2020 à Lille, alors que nombre d’hôteliers n’aspiraient qu’à une chose, à travailler, et à participer à l’effort de solidarité, ce sont 221 lilloises – 221 lilloises ! – qui n’ont pu être accompagnées, après avoir contacté les associations pour leur livrer, dans un souffle, l’extrême urgence de leur situation.
Certes, un budget genré n’est pas des hébergements. Mais il n’en est pas moins l’opportunité, à un moment donné, de nous réinterroger, l’opportunité de mesurer dans quelle mesure nos décisions permettent de faire de Lille une ville où les femmes victimes de violences conjugales sauront que désormais elles trouveront une protection, à défaut de la trouver ailleurs, et ce « quoi qu’il en coûte ». Parce que la moitié de la population vaut bien cela et rien de moins. Parce que quand vous n’avez plus d’autre solution que fuir, ce droit de fuir doit être garanti par les puissances publiques.
La 2ème attente est celle qui génère aujourd’hui des champions du climat, des chevaliers opportunistes dont l’armure masque le libéralisme, voire l’ultralibéralisme à la Thatcher. L’Affaire du Siècle, la pétition aux 2,3 millions de signature, a fait bien plus qu’espéré : elle a ouvert la porte à l’obligation d’agir pour l’Etat français, et avec cette porte, elle a ouvert celle de l’obligation, pour toute la puissance publique, de ne jamais, jamais, déroger aux Accords de Paris et aux engagements pris.
Permettez-moi de saluer depuis notre beffroi l’engagement de Marie Toussaint, Cécile Duflot et de bien d’autres femmes et hommes qui ont rendu possible ce que nous croyons hier impossible : l’obligation à agir pour l’Etat français pour le climat et non pas contre le climat. J’aimerais d’ailleurs ne pas avoir à attendre qu’une Autre Affaire du Siècle s’empare du sujet des violences faites aux femmes pour que la situation des femmes s’améliore dans notre pays et dans notre ville.
Vous conviendrez avec moi que voter un règlement budgétaire deux jours après le délibéré de l’Affaire du Siècle est, pour une fois diraient les sceptiques, un magnifique alignement des planètes. Mais – parce qu’il y a un mais Madame le Maire, nous sommes constructifs mais tout de même de l’opposition, il y a dans ce règlement deux manques auxquels il nous faut remédier.
Le premier, c’est celui de la totale transparence de notre démocratie locale sur nos engagements en matière de climat, pour garantir et surtout assurer aux lillois, lommois et hellemmois, que chacune des décisions que nous prenons est bonne pour le climat, ou du moins ne lui est pas néfaste. Les documents budgétaires, mais aussi les délibérations que nous prendrons à l’avenir, sont concernés. C’était l’ambition de la délibération votée à l’unanimité à la MEL en 2019, avec votre voix, celle de Mme Linkenheld qui a repris cette responsabilité à la MEL, et bien d’autres voix de votre groupe, l’ambition commune qu’il nous reste désormais à mettre en œuvre. Peut être ainsi pourrons-nous d’ailleurs mieux expliquer le sens de l’action publique, quand celle-ci frotte avec les intérêts particuliers, quand il nous faut sacrifier des places de stationnement par exemple.
C’est l’objectif du 1er amendement que nous proposons ce soir.
Le second, c’est celui de nous servir de notre expérience du budget climatique pour bâtir son équivalent pour cette grande cause qui nous met toutes et tous d’accord : l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, grâce à un budget genré. Servons-nous de notre expérience. Que ce soit en matière de culture, de sport, d’éducation, de logement, d’aménagement de nos espaces publics, et bien sûr pour les agentes de la ville de Lille, toutes nos décisions à quelques exceptions, près ont un impact. Définissons-en les indicateurs, ensemble, et portons cette cause qui saura, je n’en doute pas, faire travailler ensemble votre majorité et notre opposition.
C’est l’objectif du 2nd amendement, pour graver dans le marbre une volonté commune de donner toujours plus de sens à l’action publique.
Enfin, Madame le Maire, je ne résiste pas à l’envie de vous inviter à ce que ensemble, nous fassions plus, et mieux. Je reste perplexe quant-aux résultats du dialogue républicain jusqu’ici. En particulier, pour que les femmes soient mises à l’abri, pour que les sans abris en aient un, pour que les migrants découvrent l’hospitalité lilloise, réunissons nos forces, celles des lilloises et des lillois, amenons l’Etat à agir, et le Département avec lui. Quand il y a une volonté, il y a un chemin. Et de la volonté, vous en avez, nous en avons.