Julie Nicolas demande plus d’investissement de la Ville auprès des habitant-es de la Servitude d’Utilité Publique Exide

Mesdames, Messieurs, chers collègues,

Ce soir nous votons de nouvelles délibérations qui traduisent la volonté municipale de traiter, et de résoudre le mal logement.

Un engagement qui malheureusement, trouve trop peu d’écho autour de nous.

Il y a 8 mois nous avons découvert le projet de loi Kasbarian, qui, malgré les alertes et même le désespoir exprimé par les associations, a depuis été voté dans l’indifférence la plus totale vis-à-vis des mal logés.

Depuis des mois, les Ateliers Populaires d’Urbanismes du Vieux Lille, de Moulins et de Fives, ces associations si précieuses, indispensables pour accompagner les locataires, n’ont aucune réponse du Président du Département quant à leurs financements, après avoir vus leurs candidatures à des appels à projet non retenues. C’est le maintien de leurs activités qui est en péril.

Il y a 4 mois enfin, le Préfet de Région a signé l’arrêté établissant la Servitude d’Utilité Publique Exide, un nouvel acte des pouvoirs publics pris aux dépens des habitants.

Bien que cette SUP ne fasse l’objet d’aucune délibération, son poids sur le logement et le cadre de vie des habitants de Lille Sud mérite – nécessite ! – que nous y revenions.

L’an dernier, nous avions voté un voeu commun concernant cette Servitude d’Utilité Publique décidée par la Préfecture.

Nous pouvons dire que vous et nous sommes d’accords sur les insuffisances de cette SUP, et probablement aussi sur la violence qu’elle peut représenter : cette violence qui consiste à faire porter aux victimes de pollution les frais d’analyse et de dépollution de leurs terrains.

On a beau scander le principe du pollueur – payeur, c’est en réalité le contraire qui se produit avec un Code de l’Environnement qui à bien des égards octroie des droits à polluer.

En effet, la SUP donne un cadre très flou à une demande d’indemnisation. Et quand c’est flou… L’art. 515-II du Code de l’environnement stipule qu’une éventuelle indemnisation se fait sur un accord bilatéral entre petit propriétaire et grande usine. Le pot de terre contre le pot de plomb. Bref, le bon vouloir du pollueur.

Si la SUP «  permet d’informer les citoyens », encore faut-il que ce soit fait de manière efficace. Certes, il y a eu 2 – 3 réunions à l’initiative de la Préfecture, mais avec un public très limité. 20-30 personnes, souvent les mêmes, pour un problème de santé publique qui en touche des centaines.

Des centaines qui ont reçu un courrier recommandé sibyllin dans une langue technocratique, et qui ont besoin d’aide. De l’aide pour bien comprendre les enjeux, les risques, et à quel point ils & elles sont concerné-es. Car cette SUP a arbitrairement défini une zone de pollution de 1000mg de plomb par kilo de terre (càd un Doliprane de plomb, la dose adulte, par pavé de terre sèche).

Pour celles et ceux qui habitent la zone étendue des 300mg de plomb – le seuil d’alerte retenu partout ailleurs sauf à Lille – le flou demeure.

Ainsi des habitantes des 400 maisons angoissent dès que leur fille touche l’herbe de leur jardin. Et elles ont bien raison, malheureusement.

Mais elles ne sont pas dans la SUP, et n’ont donc pas d’information, pas d’information claire.

Tout comme d’autres qui se trouvent aux 400 maisons. Or, la mise en œuvre de mesures de dépistages ne s’étend pas à la zone 300.

Des centaines encore, dont les enfants ont joué dans les squares, Bardou, Fauvette-Grisette, sans aucune connaissance du risque potentiel dans ce nouveau square, jusqu’à récemment. Bien trop tardivement, oserai-je dire.

En effet le permis de construire du square Fauvette Grisette, en octobre 2011, mentionnait l’usage de remblais pollués sur ce square en toute connaissance de cause, avant d’être finalement recouvert de 20 cm de terreau en février 2013.

Après des décennies de silence, la puissance publique doit faire mieux.

Une campagne d’affichage public ? Non.

Du porte-à-porte d’information ? Non.

Un courrier qui n’a pas spécialement retenu l’attention quand il n’est pas parti directement à la poubelle. Il a fallu que des riverains organisent par eux-mêmes un collectif, des réunions publiques nettement plus fournies, et un porte-à-porte qui leur a pris des jours.

Les moyens mobilisés dans le cas d’Exide ne sont pas à la hauteur de la gravité de la situation. Au cours de nos échanges, la ville de Lille a déclaré qu’elle serait « proactive », auprès des habitants.

Au vu des manques que nous constatons de la part de l’État, nous voulons rappeler ce soir à quel point nous devons être proactifs pour remédier à cette situation :

  • pour l’information et le dialogue avec les riverains
  • pour les accompagner dans leurs démarches, de A à Z
  • pour nous assurer que les réseaux d’eau ne véhiculent pas cette pollution
  • pour vérifier que le plomb ne revient pas sur des zones après travaux de dépollution
  • pour faire reconnaître le seuil étendu de 300 mg et dénoncer cette fausse norme de 1000 mg, contraire au droit à un environnement sain.

Je vous remercie