Madame le Maire,
Mes cher.ères collègues,
En proposant ce vœu commun pour marquer l’opposition de la Ville de Lille à la réforme des retraites, nous souhaitions officialiser l’unanimité de la position des partis politiques de gauche vis-à-vis de cette réforme injuste et injustifiée à tous les plans, qui met en péril notre système social, notre système de solidarité.
Injuste socialement quand l’espérance de vie des plus précaires est égale à l’âge de départ proposé par le gouvernement.
Injuste socialement toujours quand la pénibilité des métiers ne sera pas nécessairement prise en compte dans le calcul de l’âge de départ en retraite.
Injuste en terme d’égalité des genres quand les femmes seront touchées plus durement par cette réforme qui pénalise les carrières hachées et les temps partiels. Franck Riester, lors d’une explication de cette réforme, l’a reconnu médiatiquement. Fait notable, plus le gouvernement essaye de faire de pédagogie sur cette réforme, plus elle est rejetée.
Injustifiée économiquement quand le Conseil d’Orientation des Retraites a insisté, en la personne de son président, sur le caractère incertain des projections et l’absence d’urgence à réformer le système des retraites.
Injustifiée écologiquement toujours quand la transition écologique se combine avec la diminution du temps de travail, nullement son allongement.
Injustifiée démocratiquement quand 72% des Françaises et Français sont opposé.es à cette réforme et que les deux premières journées de mobilisation ont vu plusieurs millions de personnes dans les rues. La réponse à cette opposition massive est que « Cette réforme était présente dans le programme du Président élu » Quelle amnésie ! Non, nous nous sommes mobilisé.es dans les urnes en avril dernier non pour soutenir cette casse sociale mais pour s’opposer à l’arrivée de l’extrême-droite.
Injuste pour le monde associatif, dont on sait que les retraité.es représentent une part non négligeable des bénévoles et qui par conséquent sera fragilisé.
Injuste pour les générations à venir qui commencent à travailler en moyenne plus tard que leurs aîné.es, et qui devront donc travailler largement au-delà de 64 ans pour bénéficier d’une retraite à taux plein.
Injuste pour celles et ceux d’entre nous qui ont commencé à travailler tôt et qui devront cotiser plus longtemps que les autres.
Notre conseil municipal termine déjà tard, je vais m’arrêter là pour ne pas qu’il s’éternise, mais en commentant point par point les conséquences néfastes de cette réforme, nous pourrions rester assises et assis ici jusqu’à tard dans la nuit. Je voudrais simplement poser une question, en particulier à celles et ceux qui soutiennent cette réforme :quel modèle de société souhaitons-nous ? Si la dignité dans la vieillesse nous importe collectivement, alors il s’agirait de se donner les moyens de la garantir, pas ceux de l’anéantir.
Ainsi, en votant ce vœu commun, nous envoyons à nos agentes et agents, et plus généralement à l’ensemble des salarié.es, un message de soutien à cette grande mobilisation pour défendre notre modèle de société qui s’inspire de celles qui sont nées dans le sillon des réformes et projets de réforme de 1995, 2008, 2010, 2014 ou encore 2019 ; et nous demandons par la même occasion au gouvernement de retirer ce projet de réforme qui, nous l’avons bien vu, suscite un large rejet. Peut-être ce rejet s’élargira-t-il encore d’ailleurs. Pour le savoir, rendez-vous les 7 et 11 février dans la rue.
Je vous remercie pour votre attention.
