Une stratégie commerce qui fait consensus malgré certains manques relevés par Xavier Bonnet

Madame le Maire Mes chers Collègues.
 
Monsieur l’Adjoint.
 
Vous avez présenté à la presse, dès cette semaine, avant même qu’elle ne soit soumis au vote du conseil municipal la stratégie commerce. Alors que tout est bouclé, les documents imprimés, nous  soulevons avec dépit ce problème majeur et hélas récurrent de gouvernance. Problème qui fait suite à la présentation aux entreprises, avant son passage en CM du pact lille bas carbone ou encore cette délibération publiée sur le site de la ville avant même son passage en conseil. Notre Groupe vous le dit clairement nous n’accepterons plus la méthode qui vise à passer outre le vote du conseil municipal. Dois-je vous rappeler que son assemblée est élue démocratiquement et seule garante des décisions prises par la Ville de Lille.
 
Pour revenir à la délibération.
 
Le dérèglement climatique, aujourd’hui incontesté, nous révèle chaque jour l’impact, l’importance que peuvent avoir sur son évolution, nos modes de consommation.
 
Ces 2 années de crise sanitaire nous ont appris l’équilibre fragile sur lequel repose notre société. Société libérale qui pour la recherche d’un profit maximal n’hésite pas à faire parcourir des milliers de kilomètres, d’un continent à l’autre de la planète, à ce qui nous est indispensable mais aussi à tous ces produits, plus anodins les uns que les autres, que la publicité nous incite à posséder. Tout cela pour la recherche d’un moindre coût sans même se soucier des conditions parfois inhumaines et planéticide de leur fabrication.
 
La crise sanitaire nous n’en sommes pas encore sortis, le changement climatique nous donne chaque jour un peu plus le vertige. Pourtant relance et croissance à tout prix redeviennent les priorités absolues, dans un monde mercantile, au modèle mortifère, en oubliant bien vite les promesses d’un monde d’après différent.
 
Mais que les inquiets soient rassurés, nous ne disons pas qu’il s’agit d’avoir la consommation coupable. Il s’agit justement de retrouver le plaisir de choisir et non pas de subir. Il s’agit de retrouver la convivialité, la proximité, de remettre de l’humain en recréant le lien social. Et pour cela quel bonheur de retrouver nos voisins au marché, de participer au rendez-vous des AMAP avec nos amis, d’encourager et de faire vivre l’installation de ce commerce de proximité que nous avions vu disparaître. C’est aussi faire vivre l’économie circulaire, l’économie sociale et solidaire. En retrouvant un usage à ces produits de deuxième vie et pourquoi pas en opérant la transaction avec la monnaie locale, encore et toujours attendue !
 
Alors oui, nous croyons à la primauté, à l’importance de l’action publique au regard de la décision politique. Oui l’action municipale est primordiale à l’orientation qu’elle veut donner à son commerce. Certaines municipalités ont fait le choix de ne pas encourager la présence de la distribution industrielle sous quelque forme qu’elle soit : Grande surface, Drive piéton, Retrait en consigne et bien d’autres. Privilégiant le maintien sur leur territoire d’une offre de commerce diversifiée.
 
Alors vous l’avez compris, c’est cette option que nous portons, celle du bien vivre ensemble, au cœur de nos quartiers. C’est de ce choix dont nous nous réjouissons. En cela différentes ambitions annoncées pourront en être le support.
 
De cette stratégie, une petite remarque d’introduction, vous nous dite qu’elle est le résultat du partenariat de l’Ensemble des acteurs du territoire ; qu’elle dommage de n’y avoir pas associé au côté des partenaires historique comme l’UMIH ou Fédération lilloise du commerce, l’acteur final qu’est le consommateur !
 
Pour autant promouvoir une offre de proximité, en améliorant le cadre de vie des habitants nous y souscrivons. 
 
Finaliser un observatoire, un effort certes insuffisant mais bienvenu d’équipement en toilettes publics, solliciter la MEL en candidatant  à l’appel à manifestation d’intérêt, créer une foncière citoyenne, en parallèle d’une foncière communale, (à la condition d’avoir la force de frappe nécessaire à son efficacité), encadrer les loyers commerciaux sont des axes intéressants. Nous appuyons avec vous.
 
Mais pourquoi diable ! Créer un comité de coordination des grands bailleurs ? Manière feutrée de nous parler des grandes foncières commerciales. Foncière plus soucieuse de sortir de terre toujours plus de m2 d’espace commercial que de faire du commerce. En matière de surface commerciale, 1 mètre carré + 1 mètre carré n’a jamais fait deux fois plus de chiffre d’affaire. Bien au contraire. Alors se rapprocher de ces grands commercialisateurs c’est encourager la course sans fin à la multiplication des surfaces commerciales dont nous voyons depuis trop longtemps les dégâts dans nos quartiers.
 
Côté marchés de plein air, vous connaissez mon attachement à cette profession. J’ai eu également le plaisir de voir décerner le prix 2016 du marché préféré des français au marché de Wazemmes. J’ai plaisir à lire dans le magazine de la ville cet article titré « marché de Wazemmes : plus beau encore ». Je me réjouis des objectifs et actions annoncés. Oh ! Une petite réserve sur la réédition du plan des marchés sans doute vaudrait-il mieux accompagner plus franchement une autre préconisation à savoir l’application numérique « saveur marchés ». Et si cet intérêt est durable nous pourrons nous en féliciter !
 
Mais pourquoi diable ! Entamer la démarche en faisant les choses à l’envers ? En publiant en novembre dernier un arrêté modifiant le règlement des marchés de plein air jusqu’aux fondements des us et coutumes de la profession. Ne réussissant qu’à semer le trouble, sans même qu’il soit mis en application. Pour au final entendre les commerçants et remettre tout à plat dans la perspective d’une nouvelle écriture. Quel dommage de n’avoir pas commencé par Ça ! Quel dommage de n’avoir pas évité bien des incompréhensions !
 
Les quelques minutes qui me sont accordées ne me permettant pas un commentaire exhaustif, j’évoquerai quelques sujets qui nous tiennent à cœur à commencer par la piétonisation. Car comme vous le faites remarquer, elle permet la déambulation et l’accès aux commerces. Elle apaise également, en réduisant le bruit, en réduisant le stress, en réduisant la pollution, en favorisant les déplacements en mode doux. Mais malgré tout, vous avez choisi une mise en place minimaliste en la limitant à quelques heures semaine. Pourquoi ne pas la faire vivre du lundi au dimanche ? Vous verrez on y viendra. Et comme le dit Stéphane Baly nous finirons par ne plus être la dernière place flamande non piétonne.
 
La nécessité d’une polarité commerciale forte et de proximité dans les quartiers est également soulignée. La méthode pour y parvenir est importante au risque d’un échec cuisant. Là aussi nous pourrions nous appuyer sur un espace de tranquillité piétonnisé, au cœur de chaque quartier, favorisant déambulation et accès aux commerces. Permettant une identification, un attachement au quartier, cher à nombre d’habitants.
 
Le contraire….c’est Lille Sud. La rue du Faubourg-des-Postes qui a été comme la rue Pierre Legrand ou l’avenue de Dunkerque un linéaire commercial de premier ordre. C’était aussi une braderie au rayonnement régional. 20 ans d’aménagements commerciaux l’ont mise à terre !
 
Comme les autres linéaires la rue a d’abord vu ses chalands s’orienter vers le commerce de périphérie.
Il fallait donc agir, trouver l’idée forte capable d’endiguer sa désaffection. Je ne m’étendrai pas, ce fut le faubourg des modes ! D’échec en échec les vitrines ceux sont murées. 
Pour prendre le relai, une nouvelle idée avec dix ans d’acharnement : un projet de centre commercial au modèle dépassé et surdimensionné. C’est un échec et se sera un échec.
Toujours avec la même logique et ce sera le même résultat le prochain échec : un multiplex cinématographique de 14 salles ! Illustration de la contradiction sous-jacente à cette délibération  Je promeus la proximité et en même temps le gigantisme de Lillenium


Car là aussi il ne suffit pas d’ajouter des salles aux salles pour trouver plus de cinéphiles. Ce dont Lille-Sud avait besoin, c’était une moyenne surface pour satisfaire aux besoins d’approvisionnement des habitants. Ce dont Lille-Sud a besoin en la matière c’est un cinéma indépendant de quartier à son échelle.
 
Je m’arrêterai là car je n’ai plus le temps nécessaire pour parfaire l’analyse de ce plan mais sachez que je le regrette.