Sur le projet de modernisation de l’aéroport de Lesquin : Pour notre santé, pour le climat, empêchons les avions de se multiplier dans le ciel Lillois ! Par Stéphane Baly

Stéphane Baly, co-président du groupe, conseiller municipal

Madame le Maire, Chers collègues,

Ils étaient plus d’une centaine à participer à la Convention citoyenne sur le climat ; des mil-liers à défiler dans nos rues lors des marches pour le climat. A Lille, ils sont plus de 5 000 à avoir signé la pétition contre l’agrandissement de l’aéroport de Lille Lesquin. Quand allons-nous enfin écouter les revendications des citoyens et citoyennes que nous, élus politiques, avons le devoir de représenter ? Quand allons-nous enfin nous montrer dignes de leur confiance ? Quand allons-nous enfin répondre à leurs attentes et leurs besoins ?

Pour un dossier d’enquête publique de 8 000 pages – qui comprend des enjeux majeurs tels que les émissions de gaz à effet de serre, la qualité de l’air et l’impact pour les sols et les sous-sols – vous avez rédigé une délibération d’une seule page, avec seulement deux éléments de contexte général. Et quand nous, tentons de compléter cette délibération pour la rendre plus précise sur le sujet qu’elle traite, vous avez l’audace de nous répondre que cela n’apporte rien ! M. Richir, je vous ai connu plus constructif et ouvert à nos propositions.

Nous parlons ici du futur des jeunes générations, de l’avenir de notre planète et du besoin urgent d’accélérer la transition écologique. Aussi nous avons le devoir d’apporter à cette délibération l’envergure qu’elle mérite !

Ce projet d’extension de plus de 100 millions d’euros va à l’encontre des politiques écologistes qui sont développés dans notre pays. Ce projet est contraire à la loi Climat et résilience encadrant les travaux d’extension. Il est contraire au Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires, en ce qui concernent la lutte contre l’artificialisation et la consommation des espaces agricoles, naturels et forestiers. Enfin, il est contraire aux décisions prises dans l’Accord de Paris sur la limitation de la hausse des gaz à effet de serre.

Honnêtement, je ne boude pas mon plaisir de vous voir évoluer sur le sujet et porter une délibération qui vise à empêcher les avions de se multiplie dans le ciel Lillois. Eh oui, encore aujourd’hui la société gestionnaire – le regroupement Eiffage et Aéroport de Marseille – compte pourtant augmenter le trafic aérien pour 2039. Selon eux, cela représenterait un volume de 3,9 millions de passagers, et 24 729 vols commerciaux annuel, soit 68 mouvements d’avions commerciaux chaque jour. C’est à dire une augmentation « modérée » pour reprendre les termes d’Aéroport de Lille de 25 % des rotations aériennes. Disons-le, ces chiffres sont contestés et contestables.

En réponse à l’appel d’offres, pour un même nombre de passagers, les prévisions du nombre de mouvements d’avions des deux autres soumissionnaires – le sortant la CCI Hauts de France associée à Egis et Vinci sont nettement supérieures. L’un évalue plutôt à 32 120 vols commerciaux annuels soit 88 mouvements commerciaux d’avion par jour. Une augmentation de 51% par rapport en 2019.
L’autre estime un trafic à 36 500 vols annuel soit 100 mouvements commerciaux d’avion par jour. Une augmentation de 72% par rapport en 2019.

Or toutes les hypothèses du dossier (simulations environnementales, nuisances sonores,…) reposent sur cette hypothèse minimaliste de 68 vols quotidiens.
Nous avons donc la volonté d’introduire plusieurs amendements à cette délibération afin de rappeler les objectifs climats et de répondre aux inquiétudes légitimes qui ont été exprimées.
Il s’agit entre autres :

  • de respecter l’engagement du gouvernement de supprimer les liaisons aériennes intérieures en cas d’alternative ferroviaire à moins de 2h30.
  • d’être en accord avec l’objectif de zéro artificialisation nette des sols inscrite dans le Plan Biodiversité de 2018.
  • de suivre les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour une réduction des niveaux sonores produits par le trafic aérien ;
  • d’honorer nos engagements pris lors de l’adoption de la déclaration d’urgence climatique adoptée par le conseil municipal de Lille en 2019.

Dans ce cadre, nous demandons d’engager :

  • l’établissement d’un plan de gêne sonore associé aux recommandations de l’OMS, avec l’interdiction totale des vols entre 23h et 6h du matin. Soit un couvre-feu de 7 heures.
  • le développement d’une stratégie de suppression des liaisons substituables en moins de 4h en train
  • (un plan de réduction de ses émissions de polluants et de CO2 portant sur l’ensemble des activités de l’aéroport de Lille-Lesquin, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050.
  • l’accélération de l’offre de train de nuit. Nous déplorons qu’aucune des 10 lignes annoncée par le gouvernement ne concerne la région des Hauts-de-France. A ce titre, Mme Spillebout, étant la première à défendre la politique gouvernementale au sein de ce Conseil, il serait judicieux de faire passer le message au ministre des transports !
  • Enfin, notons que deux tiers du trafic au départ de Lille Lesquin est en concurrence avec des destinations desservies par le TGV, en nombre de passagers. Il faudrait donc réviser les trajectoires aériennes existantes.

Ce sont également les revendications des habitants, des associations combattant le projet. Ce sont les revendications dont ce soir je me fais le porte-parole et que nous portons consensuellement en tant qu’élus locaux, départementaux, régionaux et parlementaires. Je tiens à le rappeler ici ce soir, les amendements proposés au vote reprennent les propos d’un courrier rassemblant des élus du niveau communal au niveau national : insoumis, communistes, socialistes et écologistes, courrier
récemment adressé à la Ministre Barbara Pompili. Un front unitaire si rare qu’il est à souligner ! Je ne doute que nous puissions le renouveler ce soir.

Alors mes chers collègues, vous l’aurez compris ce débat va bien au-delà de l’extension de cet aéroport. Il s’agit de nous inscrire – une bonne fois pour toute – dans une vision globale de la transition écologique. Dans quel environnement voulons-nous que nos enfants grandissent ? Sommes-nous prêts, aujourd’hui, à prendre des décisions fortes pour améliorer la qualité de vie de nos concitoyens et concitoyennes ? Ce sont à ces questions que nous avons le devoir de répondre aujourd’hui, à travers cette délibération et ces amendements.

Mesdames et Messieurs, pour conclure, je vous inviter à participer demain à 14h30 devant la mairie de Lesquin au rassemblement contre l’agrandissement de l’aéroport et pour le couvre-feu nocturne.
Merci