Plan de mobilité employeur : largement incomplet, Maroin Al Dandachi dépose des amendements pour que les agents de la Ville de Lille soient acteurs de la transition 

Maroin Al Dandachi, Conseiller municipal

Madame le Maire,
Mes chers collègues,

4399 agents et agentes mettent en oeuvre au quotidien les décisions que nous prenons en conseil municipal. Certains résident à Lille, d’autres plus loin dans la Métropole et même au-delà. Certaines travaillent essentiellement depuis l’hôtel de Ville, d’autres parcourent Lille dans le cadre de leurs missions : je pense au personnel du service courrier, de la maintenance des espaces verts, aux policiers municipaux… la liste est longue.

4399 agents et agentes aux lieux de résidences et aux missions si variées, ça en fait du déplacement quotidien. Sans surprise donc, lorsqu’en 2019, un bilan carbone de la Ville indique que 6% des gaz à effet de serre émis par la Ville de Lille en tant qu’administration est lié aux déplacements.
Lorsque l’on vise la réduction de 45 % des GES en 2030 pour atteindre une neutralité carbone en 2050, 6 % ce n’est pas anodin. Il nous apparaît donc essentiel pour une collectivité d’être exemplaire à la matière et d’oeuvrer pour une réduction importante de l’empreinte carbone de ces déplacements.

C’est pourquoi le plan de mobilité employeur est aussi important. C’est pourquoi ce soir, nous sommes déçus. Parce qu’en premier lieu, la logique voudrait que lorsque l’on nous propose une stratégie, on nous propose aussi un bilan détaillé du plan précédent. On reste sur notre faim avec un bilan de 3 pages et demi pour la période 2017/2021. Parce qu’ensuite plus de la moitié des objectifs que vous fixez ne sont pas chiffrés. « Augmenter », « réduire », « poursuivre la dynamique » : avec tant de flou, impossible de savoir d’où l’on vient et où est ce que l’on souhaite aller. Vous nous avez répondu : « on ne connaît pas bien les déplacements de nos agents, nous allons d’abord faire un diagnostic ». Il aurait été préférable de réaliser ce diagnostic puis de revenir avec un plan qui répond aux enjeux que vous auriez identifié. Enfin, il nous semble incompréhensible de nous faire voter un plan, en laissant des objectifs sans arbitrages budgétaires alors même que l’on a voté le budget primitif ce soir. Quels moyens seront mis derrière ce plan ? il faudra attendre 2026 pour peut-être le découvrir.

Tout ça, nous vous l’avons dit en commission. Nous vous avons proposé de retravailler le plan ensemble, Madame Linkenheld nous a répondu que « ça ne bougerait pas d’une ligne ». Chez les écologistes voyez-vous, on n’abandonne pas si facilement. Alors, face à ces manques, notre groupe a déposé cinq amendements.

Nous avons tout d’abord souhaité renforcer les mesures de démobilité des agents, sur laquelle le télétravail joue un rôle considérable, plusieurs études de l’ADEME l’ont démontré. D’abord, c’est
avant tout la possibilité de protéger les agent-es en automatisant le recours au télétravail lors de pic de pollution de quelconque intensité. C’est le sens de notre premier amendement. Le déclenchement du seuil d’information et de recommandation présente déjà un risque pour la santé humaine d’après l’ANSES. C’est aussi une façon pour la ville de prendre ses responsabilités en incitant les agent-es à ne pas utiliser de transports polluants ce qui aggraverait la situation lilloise.

Ensuite, puisque vous voulez « inscrire durablement » le télétravail au sein de la collectivité, nous proposons de rajouter un objectif chiffré qu’est celui de totaliser 1 jour par semaine de télétravail en moyenne par agent ayant un poste télétravaillable soit 1300 agents, selon vos derniers chiffres. Cela implique d’aller au-delà des 750 agents que vous avez autorisé à télétravailler. Pour cela, il est nécessaire de convaincre, faire confiance, repenser les rapports de hiérarchie car nous le répétons : le télétravail est une démarche environnementale mais aussi sociale.

Nous avons souhaité également consolider vos projets de transformation des mobilités : être mobile mais différemment, en accélérant les déplacements professionnels doux. Cela doit s’accompagner -entres autres- d’une logistique adéquate en augmentant notamment le nombre de vélo et de places de parking vélo. C’est le sens de notre troisième amendement : un des rares éléments de diagnostics chiffre que le parking saint sauveur est composé de 30 places vélo pool et que les autres parkings sont dotés de quelques places : nous proposons donc qu’en 2026 : les effectifs vélos en pool et les places dédiées à ces effectifs soient triplées.

Ensuite, vous l’aviez dit Monsieur le conseiller à la biodiversité et aux mobilités actives : un des frein à la transformation vers des mobilités douces vient du fait qu’un certain nombre d’agents ne se sentent pas à l’aise à vélo. Des séances de remise en selle sont donc bienvenues et en l’absence d’objectifs chiffrés, nous vous proposons un minimum 100 bénéficiaires par an, soit 10 personnes par séance.

Je terminerai sur notre souhait d’accroître l’accompagnement des agents vers ces transformations de mobilité. Si nous saluons le rôle des référents mobilités dans les services, nous souhaitons amener un outil complémentaire : offrir aux agents un accompagnement par des professionnels spécialistes des mobilités, des « conseillers mobilités », avec des permanences au minimum une fois par mois au sein de la mairie. Lille regorge de partenaires possibles : l’ademe, acteurs associatifs ou pourquoi pas Ilevia. Une proposition à penser en complémentarité des référents mobilités qui bien évidemment feront le lien entre les agents et ses permanences

Voilà donc nos propositions d’amendements pour revaloriser ce plan et donner sincèrement les moyens aux agents d’être acteurs de la transition sur leur lieu de travail. Offrons leur un plan de mobilité complet et montrons l’exemple : le plan mobilité employeur de la MEL met en avant les modes de déplacements des élu-es métropolitains. Faire de même à Lille aurait du sens, et montrerait que nous mettons tous un coup de frein sur les déplacements carbonés. L’administration doit être exemplaire et cela nous implique aussi, élu-es de Lille. Je vous remercie.