Proposition de soutien au traité de non-prolifération des énergies fossiles, par Jérémie Crepel

[A la suite de notre proposition et de l’intervention de Jérémie Crepel, la Ville décide de refuser ce voeu, « bien qu’en accord avec le fond du texte ». Pour Lille Verte, cette décision est incompréhensible.]

Jérémie Crépel, Conseiller Municipal

Madame le Maire,

Mes cher.es collègues,

Il y a un mois, quasiment jour pour jour s’achevait la Conférence de Glasgow de 2021 sur les changements climatiques, dite « COP 26 ».

S’assurer que l’on ne dépasse pas les +1,5 degrés fixés par les Accords de Paris en prenant en compte les énergies fossiles, principales responsables du dérèglement climatique : voilà en quelques mots, la mission donnée aux 197 pays participants à cette COP.

Vous dire que le résultat de cette mission est décevant serait un euphémisme ; c’est un véritable échec. Les gouvernements, dont le nôtre, renoncent face aux lobbys, très présents lors de la COP26 et signent un pacte qui mentionne certes pour la première fois, un objectif de réduction des énergies fossiles, sans évoquer le fait d’en sortir définitivement, ni de se fixer un calendrier.

Du vent ; voilà comment nos dirigeants traitent l’urgence climatique, après une saison estivale marquée par des catastrophes environnementales dont le rythme s’accélèrent au détriment de vies brisées et perdues.

Face à cette irresponsabilité, il nous semble essentiel que les villes passent à l’action.

D’un côté, parce que les villes représentent un autre niveau de gouvernance, plus proche des citoyennes et citoyens et qu’elles sont donc tout aussi légitimes à porter ce combat.

Parce qu’elles sont aussi directement concernées par la hausse des températures et de leurs conséquences. A l’échelle française, elles représentent 67% des émissions des gaz à effet de serre.

Et Lille n’est pas épargnée : pour rappel, notre ville a été classée top 3 des villes touchées par le phénomène des îlots de chaleurs urbains dans une récente étude de France Info.

Il est vrai que la ville de Lille s’est déjà prononcée en faveur du climat : je pense notamment à la déclaration de l’urgence climatique en 2019, sur proposition du groupe écologiste du mandat précédent. Vous vous êtes également fixés des objectifs en matière de réduction des gaz à effet de serre et de neutralité carbone, nous les avons déjà rappelé plus tôt.

Alors, ce soir, avec ce vœu, la Ville de Lille peut aller encore plus loin en soutenant formellement  l’appel international pour un traité qui mette fin à l’utilisation des combustibles fossiles et soutienne une transition juste.

Au delà de ce soutien, notre vœu propose que la Ville de Lille interpelle notre gouvernement sur cette initiative et sur ses engagements climatiques en cessant tout soutien aux investissements dans les combustibles fossiles dès 2022.

Si 26 villes internationales ont rejoint le mouvement depuis plusieurs années, aucune ville française n’avait rejoint cet appel jusqu’à présent. Une à une les grandes villes de notre pays s’engagent à soutenir ce traité de non-prolifération des énergies fossiles.

Madame le Maire, nous vous proposons ce soir de rejoindre cette dynamique, à l’heure où les conséquences irréversibles de la hausse des températures s’amplifient et sont une réalité quotidienne pour beaucoup.

A l’heure où les investissements, les nouvelles explorations des énergies fossiles sont une aberration dangereuse pour notre planète et que d’autres énergies propres et renouvelables existent et sont prêtes à porter le projet de transition énergétique.

Pour notre survie, celle du vivant, nous vous invitons à voter favorablement ce vœu.

Je vous remercie.